Christian
Bobin : "J'écris pour trouver ce que je pense"
France-Culture
07/11/2019
"Il
est possible que nous soyons, chacun de nous, psychiquement, spirituellement,
comme des terrains toujours en danger d'inondation : inondations de mots, de
traumas, inondation de savoirs inutiles, d'images aveuglantes et que c'est dans
la rareté ou dans le peu, que l'immense à la chance de revenir, de
resurgir."
"Ce
qui compte, à mon avis, c'est d'essayer d'être vivant, et pour être vivant, il
faut parler et pour parler vraiment, il faut amener le silence dans sa parole,
et amener le secret de sa vie dans cette parole sans le dévoiler, le faire
juste vibrer. Il faut faire vibrer la peau de tambour d'un secret qu'on a dans
le coeur, sans le dire, parce que ça serait l'anéantir et s’anéantir soi-même :
le faire juste vibrer, c'est ce que j'appelle "risquer".
"Le
refus est peut-être la somme des conventions et des obéissances à laquelle nous
répondons depuis le berceau ou presque. Aujourd’hui on vante beaucoup les
exploits du corps physique, les aventures de marins ou d’alpinistes. Mais, la
plus grande aventure est peut-être de s’oublier soi-même, de négliger cette
somme d’interdits qui est en nous et d’aller vers l’autre. Je crois que c’est
ça la plus grande aventure. Le plus bel exploit humain, c’est de susciter la
naissance d’un vrai sourire sur les lèvres de quelqu’un qui vous fait face : ce
sourire c’est le portail qui s’ouvre."
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