LA RUMEUR DES COURANTS
J'ai confié aux nuages
Les rives de nos vies
J'ai attendu qu'elles s'ourlent
D'iris et d'oeillets bleus
J'ai guetté sous les vases
Dans l'ardeur des feuillages
Nos saisons souveraines
Nos printemps appauvris
J'ai attendu qu'un chant
Vienne les visiter
Je les ai recouverts
De muguets de pivoines
De ficaires de violettes
De crosses de fougères
Et d'aubépines en fleurs
J'ai franchi une à une
La grille des écluses
Délivré nos eaux prises
Au feu mortel couvant
Dans des pressoirs vides
J'ai espéré qu'un vent
Se lève sous nos pas
Plus fort que nos colères
Pour laver de nos fronts
L'incrédule défaite
L'incrédule défaite
La folle contagion
Matins de fenaison
Où tout serait rendu
À la splendeur d'aimer
Les mains prenant les mains
Liant bouquets et gerbes
Dans le soleil des blés
Nos visages découverts
Nos âmes recouvrées
Demain serait natif
Nous aurions regagné
Le chemin aux épis
Notre ciel de jeunesse
La rumeur des courants
Demain seraient donnés
La rosée et la grâce
Tous les pistils offerts
Nos marées retrouvées.
Jean Lavoué, 25 avril 2020
Photo JL, le Blavet
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