L'INDICIBLE ABSENCE
C'est pour ce temps de l'indicible Absence
De la patience et du souffle
Qu'il aurait volontiers donné toutes les autres fêtes du monde
Pour ce printemps caché sous l'écorce des arbres
Cette nuit burinée de promesse et d'attente
Ces marches à l'obscur où la respiration était plus ample
Ce désert où la soif s'élargissait
Son oraison était de silence de mains nues et d'offrande
Aux ors des prophéties il préférait l'iris incandescent
Le chant nuptial des oiseaux
Trouée de vide et de promesse son écriture
S'accordait aux prairies aux fleuves et aux chevaux
Les graminées avaient sa préférence
Dont la graine couronnait un chant de surrection
Au calvaire des saisons il se fiait au vent
Il savait reconnaître la flamme du solstice
Le bleu de l'équinoxe le glaive de l'hiver
Il patientait alors sous le sang des racines
Sentait venir la sève
Chaque bourgeon tremblait dans la pénombre de son coeur
La parole était nue
Aucun mur pour l'enclore
Elle naissait de la joie qui se donne au vivant
Elle pansait les blessures apaisait chaque manque
Trouvait en lui la voie
Le passage oublié
Il éprouvait alors la force tendre du nouveau-né
Elle le mettait au monde en un pays de fête
Où deux ne faisait qu'un
Où la clarté se montrait reine
Où le Poème l'espérait
Un royaume sans partage où le chant communiait
Dans les éblouissements de l'aube
Par-delà les vertiges de la mort traversée.
Jean Lavoué, 22 mai 2020
Photo Fotorech/Pixabay
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