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samedi 23 mai 2020

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L'INDICIBLE ABSENCE 



C'est pour ce temps de l'indicible Absence 
De la patience et du souffle 
Qu'il aurait volontiers donné toutes les autres fêtes du monde 
Pour ce printemps caché sous l'écorce des arbres
Cette nuit burinée de promesse et d'attente 
Ces marches à l'obscur où la respiration était plus ample 
Ce désert où la soif s'élargissait

Son oraison était de silence de mains nues et d'offrande
Aux ors des prophéties il préférait l'iris incandescent
Le chant nuptial des oiseaux 
Trouée de vide et de promesse son écriture 
S'accordait aux prairies aux fleuves et aux chevaux
Les graminées avaient sa préférence
Dont la graine couronnait un chant de surrection 

Au calvaire des saisons il se fiait au vent 
Il savait reconnaître la flamme du solstice
Le bleu de l'équinoxe le glaive de l'hiver
Il patientait alors sous le sang des racines 
Sentait venir la sève 
Chaque bourgeon tremblait dans la pénombre de son coeur 

La parole était nue
Aucun mur pour l'enclore 
Elle naissait de la joie qui se donne au vivant 
Elle pansait les blessures apaisait chaque manque 
Trouvait en lui la voie 
Le passage oublié
Il éprouvait alors la force tendre du nouveau-né 

Elle le mettait au monde en un pays de fête
Où deux ne faisait qu'un
Où la clarté se montrait reine
Où le Poème l'espérait 
Un royaume sans partage où le chant communiait 
Dans les éblouissements de l'aube 
Par-delà les vertiges de la mort traversée.

Jean Lavoué, 22 mai 2020 

Photo Fotorech/Pixabay 



















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