TABLE DRESSÉE
Une fois encore j'ai remonté les rives du vieux fleuve
À la recherche d'une parole
D'une source à l'estime
Les oiseaux impassibles
Faisaient cortège à mon silence
Les rumeurs de la mer parvenaient jusqu'ici
Les fougères escortaient les talus de la joie
J'attendais qu'un rosier sauvage et solitaire
Me soit signe de l'instant visité
Je ne me retournais que pour tenter d'entendre
Le vent venu des îles
Marteler dans mon dos
L'écho durable des marées
J'invitais des passants
À se joindre sans mots
Au murmure de leur voix
Je trouvais mais de profil de rares bouts de phrases
Érodés de tant d'usage
Appauvris d'avoir tout donné
Il suffisait d'un souffle
Pour les désaccorder
Écrasées de lumière les herbes se penchaient
Vers les eaux du Blavet
En quête d'abondance
À l'ombre du chemin
La table était dressée
Pour l'ouvrage des mains
Pour l'écriture et la présence
Sur la peau frémissante du monde
La nappe était posée
Les offrandes répandues
Du creux de l'âme montait un chant
Au souffle inentendu
J'en fredonnais des bribes
Des refrains oubliés
Les feuillages en tremblant communiaient.
Jean Lavoué, 2 juin 2020
Photo JL, Le Blavet, 02/06/20
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