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Qu'avait-il donc à me dire ce vieil arbre encore plein de sève
Tombé à quelques mètres devant moi ?
À quelle urgence m'invitait-il
Pour précipiter ainsi à mes pieds L'automne de tous ses feuillages ?
Rien d'autres, une fois encore,
Que cette vie radieuse et précaire
Se donnant ici-même
Dans sa tremblante beauté.
Quelques minutes avant le ciel était clair,
Puis cette averse brutale,
Cette bourrasque de grand vent.
Et voici l'arbre cédant dans un bruit sourd,
Tournoyant sur lui-même
Comme s'il tentait de devenir passerelle vers le fleuve,
Barrage sur le paisible halage.
Reste, trois jours après,
La trace d'un grand vide,
La terre retournée,
Une petite touffe de cyclamens Rescapée au pied de la souche
Et le souvenir de cette frayeur devant la force adverse
En ce matin trempé de désolation.
Aujourd'hui les mots reviennent,
Et, avec eux, la féconde invitation poétique :
Je publierai au printemps deux recueils en sommeil :
L 'un ayant accompagné, voici treize ans,
La naissance de l'enfance des arbres ;
L'autre, livre d'artiste réalisé avec l'ami Serge Marzin :
Ému par la vision d'arbres massacrés,
Il consacra pour eux cette oeuvre, "Passio Végétalis",
Tel un chemin de croix.
Quand marcher est un appel,
Quand risquer révèle en soi des rivières enfouies,
Quand chaque branche est le signe
D'un élan nouveau,
D'une sève retrouvée,
D'une vie qui se relève !
Jean Lavoué, 28 septembre 2020
Photo JL 28/09/20
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