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samedi 17 octobre 2020

 


Si le pommier ne fleurit pas en vous, il n'y a pas de printemps.

Jean Sulivan



Mini-interview par Magalie de L'Abbaye de St-Jacut-de-la-Mer  (Lettre d’octobre 2020)

Avec Jean Sulivan, dans l’espérance d’une parole

Poète, écrivain, Jean Lavoué a créé en février 2017 la maison d’édition L’enfance des arbres. La voie qui consiste d’abord à chercher à habiter le poème du monde est la marque de cet éditeur. Au-delà de recueils de poésie, des récits, des témoignages ou des essais sont aussi publiés, pourvu qu’ils soient attentifs à cette quête d’une voie libre de l’intériorité, ouverte à l’altérité et au dialogue avec les autres formes d’expression spirituelle, loin donc des croyances ou des visions exclusives de la vérité.
C’est dans cette ligne que va sortir le 15 octobre 2020 le dernier recueil Avec Jean Sulivan, dans l’espérance d’une parole. Jean Lavoué nous livre ce qui l’a inspiré.

Pourquoi parler de Jean Sulivan aujourd’hui ?

Cet ouvrage collectif, Avec Jean Sulivan, Dans l’espérance d’une parole, est l’occasion de faire mémoire de cet auteur à l’occasion des quarante ans de sa disparition. Il a compté pour beaucoup de chrétiens en recherche au cours des années 60-70. Depuis son nom semble s’effacer, mais il reste une empreinte vive pour un grand nombre, une rencontre essentielle dont la portée ne s’est pas démentie jusqu’à ce jour. En témoignent la soixantaine de témoignages recueillis dans ce livre. Parmi eux, plusieurs amis de l’abbaye de Saint-Jacut comme Myriam Tonus, Dominique Collin, Joseph Thomas, Malou Le Bars, Jacques-Yves Bellay, Jacques Bonnadier, Simone Gendrot, Jacques Musset, Gabriel Ringlet, Colette Nys-Mazure, Jean-Claude Guillebaud…

Est-ce qu’on n’a pas déjà tout dit sur Jean Sulivan ?

Ce qui fait l’actualité de Jean Sulivan et de son écriture une œuvre-source, toujours à reprendre, c’est qu’il a perçu avant beaucoup le basculement du monde chrétien vers une autre réalité qu’il cherchait à percevoir de toutes ses antennes d’écrivain. Il s’était senti en exil dans son statut clérical ainsi que dans l’Église préconciliaire. Aussi, choisit-il l’exode et l’écriture pour se retrouver lui-même au cœur du monde où germe la parole évangélique. Ce faisant, il a précédé beaucoup de croyants qui depuis se sont sentis d’autant mieux enracinés spirituellement qu’ils avaient quitté une terre religieuse où eux aussi se considéraient comme des exilés du souffle.

Votre précédent livre était sur René-Guy Cadou. Y-a-t-il une filiation ?

Je dirais oui et non. Bien sûr, aucun lien entre les deux écrivains. L’un est issu de la plus pure tradition catholique, rurale et bretonne. L’autre est de milieu totalement laïc, fils et petit-fils d’instituteur, avec certes un ancrage terrien lui aussi dans sa Brière natale, mais tout autant enfant de Saint-Nazaire et de Nantes. Cadou est pour moi un homme du dehors qui, du fond de son expérience poétique, va laisser jaillir une vraie connivence avec la parole évangélique. Sulivan est lui un homme du dedans : l’écriture l’aidera à s’extirper d’une culture religieuse qui avait pour lui mis en cage la Parole.


Interview/site de l'abbaye











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