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vendredi 22 octobre 2021

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Petit tableau de bord de mes commentaires partagés ici ou là sur FaceBook, ces deux dernières semaines, suite à la publication du rapport Sauvé…


Merci, G., pour le partage de cette parole d’autorité, claire et libre, de Jean-Marc Sauvé. Il révèle cependant un point limite de son propos, cette verticalité de l’institution, terrain sur lequel il se refuse à entrer : le sacrement de l’ordre , source de la distribution de tous les sacrements. Or en cherchant à dissocier nettement ce point-ci de la gestion qui seule serait à mettre en cause et où l’on devrait introduire davantage des laïcs, donc des femmes, il se prive, je trouve, de préconisations essentielles pour toucher au fondement même de ce fameux cléricalisme, source de tant de maux dans l’institution. (9 octobre 2021)


Merci, P., pour ce partage de ton chemin de vie qui me parle tant ! Comme toi, je me suis lassé de me battre contre une institution sclérosée, peut-être irréformable du fait des postures inconciliables qu’elle a fini par susciter en son sein. Comme toi je me consacre au « Poème » qui court à travers les plaines du monde et de toute humanité. Pour nous, il a pris la figure de Jésus, de l’Evangile, mais ce dialogue de foi entre l’homme et ce qui le dépasse a tant d’autres visages encore de par le monde qui célèbrent la même réalité : cette Co-création entre Dieu et les humains qui fonde notre espérance. (9 octobre 2021)


Benoît XVI n’a cessé de déployer cette vision d’une Église resserrée sur son identité et son noyau essentiel, petit reste préservé, dont il a fait malheureusement, sous le Pontificat de Jean-Paul II et le sien, de la restauration d’un cléricalisme bien visible et affirmé la structure de fond. Tous les mouvements néo-conservateurs l’ont bien compris, des légionnaires du Christ à l’Opus Dei, en passant par la communauté Saint-Martin. Ce n’est malheureusement pas cette Église néo-cléricale et élitiste qui nous nous sortira de la situation actuelle car elle fait partie du problème… (15 octobre 2021 à propos de la publication d’extraits d’une Conférence de Benoît XVI en 1969 anticipant la venue d’une Église réduite en nombre, appauvrie mais davantage prophétique)


Merci X. pour ton analyse et ton partage ! Je continue à penser que l'absence de liberté et de maturité dans le "choix" du célibat obligatoire pour devenir prêtre a conduit beaucoup d'entre eux à toutes sortes de dérives dont l'abus de pouvoir en général, les mondanités dénoncées par le pape François, la double vie parfois, une homosexualité non assumée fréquemment masquée en homophobie, et les violences sexuelles commises sur de jeunes garçons (grandes révélatrices d'immaturité sexuelle et de peur de la femme, a contrario des abus commis dans tous les autres secteurs de la société) ne sont pas les moindres. La possibilité d'ordonner des hommes mariés serait déjà un choix non négligeable vers cette option libre du célibat ou du mariage quand on envisage ce service. Ceci étant, aucun remède miracle avec une telle évolution, pas plus que l'accès des femmes à des fonctions qui leur sont aujourd'hui interdites (cette situation n'étant pas indéfiniment tenable et se trouvant payée au prix fort du départ de beaucoup...). Je suis bien d'accord que la crise est plus profonde, touche à la foi, à la spiritualité... Mais précisément, il existe une soif considérable aujourd'hui dans ces domaines, avec un goût de la recherche et de la rencontre, de l'échange de paroles, du silence aussi avec une forte exigence d'authenticité. Toute cette quête ne peut guère accepter d'être compromise avec un système institutionnel frappé par une si grande hypocrisie. Il doit se transformer pour devenir un espace vérité, de liberté et de parole et non seulement un système d'autorité moralisateur et descendant qui révèle chaque jour un peu plus sa faillite... morale justement ! (17 octobre 2021)


Oui, A-Y. le mieux est d’écouter posément les chiffres pour ce qu’ils disent et surtout de lire les témoignages bouleversants des victimes. Sur certains sites tradis, on lit des horreurs à propos des membres de la commission et de leurs méthodes de gauchistes et de francs-maçons. Bonjour la reconnaissance de leur immense travail ! Le terrain ecclésial est aujourd’hui éminemment politique. La considération des prêtres dont je connais plusieurs parmi mes proches et mes amis ne doit pas empêcher l’analyse. Après les cercles familiaux dont j’ai été moi aussi comme directeur de la Sauvegarde de l’enfance 56 témoin de bien des cas d’incestes, et les cercles amis, c’est l’Église qui apparaît comme ayant été l’institution où les enfants, et les jeunes garçons en particulier, se sont trouvés être les plus exposés aux violences sexuelles. Pourquoi s’en défendre ? Plutôt chercher à comprendre. Sans sentir pour autant attaquées l’immense majorité des personnes de bonnes volontés et parmi elles bien des prêtres et des religieuses… Mais sans taire pour autant ni refuser de voir les violences et les abus de pouvoir que beaucoup ont subi de la part d’un système institutionnel sans aucun contre-pouvoir ni autre moteur qu’une idéalisation excessive de la figure du prêtre, et cela sans toujours aller pour autant jusqu’aux violences sexuelles… (19 octobre 2021)


X., tu n’as pas été sans remarquer que, depuis les années 70, les vocations sacerdotales se sont effondrées dans beaucoup de pays notamment d’Occident, que des milliers de prêtres, face à l’absence de réforme, ont préféré quitter leurs fonctions, que leur moyenne d’âge est aujourd’hui de 75 ans en France, que les communautés monastiques sont, pour beaucoup, au bord de la fermeture, que l’Eglise a cru bon de faire appel aux ressources africaines, quitte à appauvrir ces pays en vocations, plutôt que d’envisager d’autres solutions de renouvellement internes à chaque pays, que les rares vocations sacerdotales aujourd’hui sont issues de milieux plutôt traditionnels (Cf. 25% des prêtres ordonnés en France cette année issus de la communauté Saint-Martin et en soutane, ce qui, certes, plait à certains mais pas à la majorité des catholiques)… Les symptômes de la crise et de l’absence de perspectives sont beaucoup plus à lire de ce côté-là aujourd’hui… (19 octobre 2021)


X., La question du célibat des prêtres et de l’ordination des femmes est à mes yeux toute relative. Ce qui serait  essentiel serait une décléricalisation beaucoup plus fondamentale (Cf. Le théologien jésuite Joseph Moing) : on n’en prend pas le chemin… Le temps de la réforme ecclésiale pour moi est passé : c’était il y a cinquante ans. Une ouverture était possible à la suite de Vatican II avec, entre autres, l’émergence des communautés de base qui ont ensuite été mises au pas. J’en vis cependant toujours aujourd’hui. Je raconte cela notamment dans mon livre paru ce printemps chez Médiaspaul, « Des clairières en attente »…  Beaucoup aspirent à retrouver aujourd’hui ce type d’expérience et je suis sûr que le rapport de la CIASE va encourager certains à retrouver aussi ce chemin d’une institution plus souple, coopérative et en réseau… moins centrée sur la figure du prêtre, qu’il soit homme, femme, marié ou pas… Au fond, moins cléricalo-centrée ! (20 octobre 2021)


J., faire le pendant avec la fréquence des violences sexuelles de la part des hommes mariés n’est pas du tout l’objet de l’article de Danièle Hervieu-Léger : elle se refuse, au contraire, à juste titre, d’établir quelque lien que ce soit entre célibat et pédo-criminalité… Sa réflexion porte sur la sacralisation de la figure du prêtre qu’il s’agit pour elle, afin de limiter les dérives abusives qui en résultent, de ramener à une dimension moins sacrale et plus humaine… (20 octobre 2021)


Bonne chance, X., dans l’accomplissement de cette vision traditionnelle que je comprends ! Je ne me situe, pour ma part, nullement en dehors du catholicisme mais en ai, avec beaucoup d’amis qui partagent avec moi cette vision, une conception plus universelle, conforme à l’Évangile, à l’ekklésia des actes des apôtres et à l’oeuvre de l’Esprit partout répandue dans l’humanité et dans le monde, dont les réductions identitaires, rituelles et attestataires auxquelles on assiste un peu partout aujourd’hui me paraissent nous éloigner. Un très faible pourcentage des baptisés se retrouvent dans cette évolution, tout en étant persuadés toutefois d’être dans l’unique vérité tandis que le plus grand nombre est en quête de chemins plus conformes « au peu qu’ils ont compris de la Parole »comme aimait à dire frère Roger de Taizé… La voie humble de Zachée, qui ne se sent pas vraiment digne de rencontrer Jésus, me convient davantage que celle revendiquée par ceux qui prétendent avoir les seules clefs de l’enclos tout  en empêchant, comme le dit avec malice le pape François, Jésus de sortir à la rencontre des hommes. « Il est enfermé dans l’Église et il frappe à la porte pour qu’on lui ouvre et qu’il puisse sortir »… C’est à œuvrer avec tous ceux-là du « dehors » que je me sens, sans le moindre sentiment d’exclusive, faire aussi, et je dirais surtout, Église… (21 octobre 2021)


Tout comme le cléricalisme, qui n’est pas seulement le fait des clercs mais aussi de tous ceux-là qui souhaitent maintenir ceux-ci dans cette place d’exception, la marque sacrale du célibat caractérisant cette dernière et sur laquelle insiste Danièle Hervieu-Léger suscite des réactions foncièrement cléricales de la part de ceux dont l’appartenance religieuse demeure structurée autour de cette différenciation clerc-laïc : pour certains, celle-ci apparaît comme la marque même de fabrique de l’Église Catholique. Le Concile Vatican II, bien qu’ayant identifié là une difficulté structurelle pour l’unité du peuple de Dieu, n’a pas réussi à remettre en cause ce fondement de l’Ordre (la commission Sauvé ne s’y frotte d’ailleurs pas non plus vraiment !). Au contraire, l’approche du concile a été jugée sur ce point dangereuse et pernicieuse par ceux-là, clercs ou laïcs, qui ne pouvaient concevoir le message de l’Évangile, anti-clérical s’il en est par certains aspects, en dehors de cette structure religieuse reposant sur cette différenciation intouchable entre clercs et laïcs. C’est ce qui explique la force de la réaction qui a suivi, notamment sous les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, aboutissant à une institution aujourd’hui profondément divisée, particulièrement sur cette question du cléricalisme. Danièle Hervieu-Léger a raison de souligner que c’est bien sur ces marqueurs décisifs du célibat obligatoire et de l’éloignement des femmes de l’autel que se fonde ce clivage, cependant devenu bientôt quasi intenable au sein du peuple de Dieu, entre, d’une part, les tenants d’une vision cléricale intangible et ceux, d’autre part, dont le pape François lui-même - même si son champ d’action est des plus limité sur ce point - souhaiteraient au contraire la dépasser. L’altération par le féminin de la figure sacrale du clerc constitue bien cette ligne rouge à ne pas franchir pour certains entre le pur et l’impur, pourtant rejetée par Jésus lui-même mais rétablie dès le IIIème siècle de l’Église sur le fondement de la tradition judaïque sacerdotale et sacrificielle abandonnée au sein même du judaïsme après la chute du Temple en 70 (mais non pas, jusqu’au XXème siècle, la solide tradition patriarcale sur laquelle elle reposait). L’incapacité foncière à laquelle se trouve réduite l’Église catholique aujourd’hui de résoudre cette aporie, faute d’avoir su saisir la chance historique que lui avait ouvert sur ce plan le Concile Vatican II, laisse planer sur elle des dangers dont le schisme certes n’est pas le moindre, même si le plus vraisemblable sera sans doute, en une génération ou deux, le départ définitif de tous ceux-là qui auront refusé la caricature cléricale qui n’aura cessé de se renforcer depuis 40 ans. Ces derniers sauront-ils ouvrir d’autres voies pour transmettre le goût et la saveur de l’Évangile aux femmes et aux hommes de notre temps, au-delà d’une institution catholique dont la puissance identitaire n’aura alors d’égal que l’isolement sectaire ? C’est à œuvrer à cela qu’avec beaucoup nous nous sentons appelés aujourd’hui… (22 octobre 2021)





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