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dimanche 24 octobre 2021

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Chers amis, tous les moyens sont bons, y compris juridiques, pour que le cri des victimes entraîne une véritable réforme en profondeur de l’Église de France. Beaucoup peuvent se sentir éloignés de cette problématique concernant une institution tellement décrédibilisée aujourd’hui. Cependant, la déstabilisation brutale d’un pôle de sens dans la société française n’est pas sans conséquence pour tous. Or, sans débat et sans cadre institué pour le conduire, le risque est grand d’une persistance de la lourde tendance cléricale actuellement engagée qui éloigne toujours davantage le grand nombre de la source. Cette tendance méconnaît l’aspiration de beaucoup à retrouver, bien souvent en dehors de tout cadre religieux, le goût et la saveur de l’Évangile : un peu à la manière de François Cheng dans l’interview que j’ai partagé hier, alliant sans rupture, nous dit-il, mais aussi « au ras de l’humus, sans affichage, sans étiquette », l’esprit du Tao à celui du Christ.

C’est la raison pour laquelle je remercie mon ami, Michel Cool-Tadel, de m’avoir associé aux premiers signataires de cette tribune publiée dans La Croix le 22 octobre 2021. Certes, un Concile, comme en vit un depuis trois ans l’Église d’Australie, suite aussi à la gravité des révélations de violences sexuelles, c’est encore un processus intra-ecclésial. Mais au-delà du synode engagé depuis peu pour l’Église universelle, comment ne pas désirer également pour l’Église de France un processus spécifique, ayant force de loi et susceptible de modifier à terme les tendances persistantes au repli sur soi et au retour de pratiques antérieures à l’esprit de Vatican II. La prise en compte des personnes éloignées de l’Église, mais cependant assoiffées de sens et de spiritualité, de loin les plus nombreuses parmi les baptisés, devrait se trouver au cœur d’un tel processus conciliaire.

Voici donc le texte de cette tribune, suivi des points forts de la démarche rédigés par Michel Cool.


"Nous demandons aux évêques de convoquer un concile plénier en France "

Devant l’étendue du scandale que le rapport de la Ciase a révélé, nous, catholiques signataires de cet appel, demandons une réponse appropriée de la part de nos pasteurs.

Comme le stipulent les articles 439 à 446 du droit canon de l’Église catholique et suite à l’appel du pape François pour une Église synodale, nous leur demandons de convoquer un concile plénier en France, comme les évêques australiens l’ont décidé en 2018 dans un contexte de crise analogue.

Nous plaidons pour que ce concile soit reconfiguré à la lumière de la nouvelle prise en compte des laïcs qu’implique la mise en œuvre actuelle du processus synodal.

Cette assemblée, dont la réflexion et les décisions auront force de loi pour toutes les communautés en France, pourra discerner les moyens de sortir de la crise. Elle est la réponse collective et institutionnelle que l’Église a toujours employée pour relever les défis. Elle est la solution réaliste pour faire les réformes qui s’imposent : celles de la formation et de la gouvernance ; celles d’un réel partenariat entre baptisés ordonnés et baptisés en mission.

Une Église plus baptismale, plus synodale et plus prophétique

La décision de former une commission indépendante, la Ciase, a été un signal positif de nos pasteurs. Elle indique leur volonté d’entrer dans une dynamique de dignité et de respect pour les victimes, et de repentance avec l’ensemble des baptisés. Il nous incombe à toutes et tous maintenant de combattre cette horreur le plus efficacement possible pour qu’elle ne se reproduise plus.

Nous croyons à la force du don reçu à notre baptême pour sortir de la crise par le haut. La vocation baptismale permet aux hommes et femmes, clercs, religieux et laïcs, de se parler et de témoigner sur un pied d’égalité : autrement dit, de se comporter en sœurs et frères du Christ, en disciples missionnaires de l’Évangile.

C’est pourquoi nous demandons avec insistance la convocation d’un concile plénier en France, pour faire advenir une Église plus baptismale, plus synodale et plus prophétique ; attentive aux questions de nos contemporains et aux signes de l’Esprit dans le monde : « Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir ». (Gal 5,1, 25)

Les signataires :

Veronick Beaulieu-Mathivet, réalisatrice

Michel Cool, journaliste

Monique Durand-Wood, accompagnatrice spirituelle

Réginald Gaillard, romancier

Marlène Goulard, artiste

Xavier Goulard, artiste

Roseline Hamel, sœur du P. Jacques Hamel

Philippe Hourcade, prêtre

Jean-Louis De La Vaissière, journaliste

Jean Lavoué, poète

Annick Martin, universitaire spécialité histoire du christianisme ancien

Charles Mercier, historien

Hélène Mongin, éditrice

Christine Ray, autrice

Pourquoi un Concile plénier en France?

1. Pour apporter une réponse spécifique et appropriée à la souffrance des victimes et à la défiance de la société après la publication du rapport de la Ciase.
2. Pour rétablir la confiance endommagée entre tous les membres de l’Eglise catholique en France.
3. Pour appliquer des dispositions du droit canon permettant à une Église particulière de solutionner des questions particulières.
4. Pour expérimenter la synodalite à l’échelle nationale dans le contexte du synode sur la synodalite lancé par le Saint-Père, pour une durée de trois ans, dans une perspective universelle.
5. Pour vivre une expérience de communion dans la diversité avec parrhesia ( courage de la franchise), et dans l’obéissance au réel et à l’Esprit.
6. Pour chercher ensemble des réponses réalistes et applicables permettant à l’Eglise de retrouver credit et audience dans la société française et de renouveler son dialogue avec elle. 
7. Pour affronter les défis de la sécularisation et du pluralisme sociétal en proposant la participation constructive de tous les baptisés , ordonnés, en mission, pratiquants et aussi non pratiquants. 
8. Pour retrouver l’enthousiasme du témoignage apostolique, dans l’écoute des Signes des temps et la proximité avec nos contemporains
9. Pour, disait Madeleine Delbrel, s’acharner à rendre aimable et aimante Son Eglise; l’Eglise du Christ, car chaque baptisée, chaque baptisé est un membre de son Corps






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