.
C’est à la plume sensible et généreuse du poète nantais Claude Serreau, familier de René Guy Cadou, que je dois cette amicale recension de mon recueil « Carnets de L’enfance des arbres » illustré par des linogravures d’Isabelle Simon. Celui-ci est toujours disponible aux éditions L’enfance des arbres 3 place vieille ville 56 700 Hennebont au prix de 15 euros + 4 euros de frais de port.
https://www.editionslenfancedesarbres.com/carnets-de-lenfance-des-arbres--j-lavoueacute.html
En une vingtaine d’années de publication de livres personnels, Jean Lavoué et ses éditions « L’enfance des arbres » s’est fait une place dans le domaine poétique de l’Ouest littéraire. Poète lui-même, et de talent reconnu, récompensé par un prix décerné par l’Académie de Bretagne et des Pays de Loire, il peut à juste titre revendiquer qu’il est dans la lignée des Cadou, Grall, Baudry, Boulic et quelques autres dont l’allégeance à la Bretagne ne fait aucun doute. Basé à Hennebont, cet auteur écrit une poésie « qui va », puisqu’il affirme que, souvent, l’inspiration lui vient en marchant.
D’où ces carnets de quelque 200 pages dans lesquels s’imposent ses impressions, intuitions, réflexions comme autant de petits textes poétiques en 2, 3 ou 4 vers, rimés ou non, où la nature a toute sa place, et, parmi elle, bien évidemment, les arbres, symboles d’une renaissance humainement attendue. Au fil de ses pas et de ses notations naissent des poèmes fort joliment illustrés par Isabelle SIMON dont la réalisation se révèle en accord avec la tonalité automnale de cette poésie, laquelle sait cependant se ménager des clairières d’espoir. Se fait alors jour, derrière le recours à l’enfance, ce vieux fond de mysticisme celte qu’une longue présence bretonne ne manque jamais d’insinuer sous les mots, mais qui est ici dépassé dans ce bel ouvrage élégamment imprimé : y émerge cette volonté d’aller vers la lumière, de quelque origine soit-elle, celle qui, par-delà les branches et le silence, guide nos vies. Paru dans cette très personnelle collection « Poésie et intériorité », ce livre ne peut laisser indifférent tous ceux qui se cherchent une terre où mieux habiter et des raisons d’espérer. Oui, les arbres de Jean Lavoué poussent dans un vrai terroir de mémoire, mais de leurs racines à leur faîte, ils nous élèvent, sans prétention philosophique, dans une prosodie maîtrisée, un lyrisme retenu, à la dignité d’êtres humains sensibles et responsables :
« Les mots sont ton mystère / ton aube et ton secret,/ Tu te plies sans rien dire / A leur nuit végétale. / Garde toujours à ta portée / Un arbre en devenir, / Ne fais pas comme si / Tu étais seul au monde ! ».
« L’enfance des arbres », une belle leçon de vie en somme, et propice à rafraîchir l’esprit ! »
Claude Serreau
Carnets de L’enfance des arbres, Jean Lavoué, Éditions L’enfance des arbres 2021, 15 euros
***
Voir aussi la note de Pierre Tanguy à propos de ce recueil sur le site « Recours au poème » :
https://www.recoursaupoeme.fr/jean-lavoue-carnets-de-lenfance-des-arbres/
Jean Lavoué, Carnets de l’enfance des arbres
Par Pierre Tanguy| 21 janvier 2022|Catégories : Critiques, Jean Lavoué
L’enfance des arbres est un blog poétique dédié à l’aventure intérieure. Conçu il y a déjà plusieurs années par le poète, écrivain et éditeur breton Jean Lavoué, ce site fait de l’arbre le symbole à la fois de l’enracinement et de l’élévation.
« Il faut reboiser l’âme humaine », disait le chanteur Julos Beaucarne, cité par l’auteur. « Reboiser » : c’est la noble entreprise à laquelle Jean Lavoué s’est attelé. Il nous le rappelle dans un livre contenant les brefs poèmes qui ont accompagné la naissance de son blog, accompagné ici de linogravures et monotypes de Isabelle Simon,
« Déjà je parle aux arbres/et mes doigts me suffisent », écrivait René Guy Cadou dans Les bruits du cœur (1941). Jean Lavoué demeure dans le sillage du grand poète disparu auquel il a consacré un fervent livre-hommage en 2020 (René Guy Cadou, la fraternité au cœur). « Avec l’arbre, // ce que tu écris / Semble avoir trouvé son axe », note pour sa part Jean Lavoué. Et, plus loin, il écrit : « Parler à hauteur d’arbre / Sans forcer la voix / Dans la croix des saisons / Et le ciel grand ouvert ».
Le poète, en effet, ne force pas la voix. Il nous dit fréquenter les mots simples : « Soleil, silence, lumière, absence, présence ».
Soleil ? « Ah ! si le chemin / N’était que tronc tendu / Vers le soleil »
Silence ? « Dès que tu fais silence / La forêt se redresse / Les mots s’ordonnent un à un / La clairière s’illumine, // Tu sens que tu es là ».
Lumière ? « Arbre, pesante lumière / Etrange gravité / Donnant des ailes / A ta voix ».
Jean Lavoué ne se paie pas de mots. Il veut sa poésie orientée vers plus vaste que nous. « J’ai découvert un jour / Qu’écrire était une forme de prière ». Et s’il nous parle -fugitivement — de l’enfant qu’il a été (« Comment rester à hauteur de l’enfant / que tu as été »), c’est d’abord pour nous inviter à retrouver l’enfant qui est en nous, retrouver notre innocence et notre capacité d’émerveillement. « La foi ne n’apprend pas / Elle s’enracine », écrit Jean Lavoué. Oui, s’enracine comme un arbre.
Le poète évoque tout aussi fugitivement des poètes bretons qui lui tiennent à cœur. Georges Perros à qui il dédie un poème. Xavier Grall, cet homme qui « chantait la Bretagne / Ressuscitait ses pardons », sans parler des vents qu’il chérissait dans sa paroisse de Nizon. Avec, comme en écho, ces vers de Jean Lavoué qui nous ramènent invariablement à l’arbre. « C’est le vent bien sûr / Qui parle le mieux / La langue de l’arbre ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire