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jeudi 12 mai 2022

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Deux recueils pour que les poèmes ne meurent jamais sous les bombes

par Loup Besmond de Senneville, journal La Croix, 12 mai 2022

« Notre âme ne peut pas mourir » et « Des ailes pour l’Ukraine » donnent à lire des poèmes sur l’Ukraine, quelques semaines après le début de l’attaque de la Russie à l’est de l’Europe.

Notre âme ne peut pas mourir
de Taras Chevtchenko
Traduit et préfacé par Guillevic
Seghers, 128 p., 14 €

Des ailes pour l’Ukraine
de Jean Lavoué
L’enfance des arbres, 52 p., 9 €

Que veut encore dire écrire, alors que les bombes frappent l’Ukraine, et que les images d’épouvante se succèdent sur les écrans, diffusées par les chaînes de télévision en continu ? Deux recueils, publiés ces jours-ci, alors que les combats font rage en Ukraine depuis fin février, entendent poser des mots sur la souffrance aveugle.

Le premier est l’œuvre du poète et peintre Taras Chevtchenko (1814-1861). Et ses mots viennent de la fin du XIXe siècle, lorsque prit place dans l’est de l’Europe la bataille qui vit s’opposer au tsar ceux qui réclamaient la création d’une fédération de peuples slaves.
L’espoir et la souffrance
Les poèmes de Chevtchenko, publiés pour la première fois en France en 1964, sont ceux d’un militant pleinement engagé dans le combat pour l’indépendance de son pays. Emprisonné, exilé, interdit de peindre et d’écrire, il en paiera d’ailleurs le prix.

Dans ces pages, on lit l’espoir et la souffrance, le cri de douleur et la folie de la mort. Les larmes coulent, à travers ces lignes, en particulier celles qui composent les poèmes écrits en prison, où il invoque des femmes et des enfants pleurant dans un monde recouvert de ronces.
« Je ne vais pas mal, Dieu merci,/Mes yeux y voient encore un peu,/Le cœur attend./Il me fait mal,/Le cœur pleure et ne s’endort pas,/Ainsi qu’un enfant mal nourri./Tu attends, sans doute, mon cœur,/Des temps durs ; n’attends rien de bon./Pas la liberté désirée./Elle dort./Le tsar Nicolas/L’a mise en sommeil et, crois-moi,/Cette chétive liberté/Pour la réveiller tout d’abord, Il faut nous mettre tous ensemble. »

Un texte qui fait écho avec 2022

Aux mots de Taras Chevtchenko répondent aujourd’hui ceux, pourtant écrits en 2022, cent soixante-dix ans plus tard, par Jean Lavoué. Aux premières heures de la guerre qui frappe l’Europe depuis la fin février, le poète a voulu, comme l’écrivait René Guy Cadou en 1980, rompre le « silence revenu dans les ruines » après le pilonnage de l’artillerie.

« Les mots nous sont retirés de la bouche,/Nos poèmes meurent sous les bombes/Avec ceux que l’on assassine à Kiev, à Marioupol et à Kharkiv./La force brutale veut imposer la peur et semble triompher/Le long des douces rives du Dniepr. Mais nous savons qu’un peuple fraternel/Toujours se relève. »

Les bénéfices de ces deux recueils seront intégralement reversés à des associations venant en aide au peuple ukrainien.

Des ailes pour l’Ukraine, éditions L’enfance des arbres, 3 place vieille ville 56 700 Hennebont (jlavoue@gmail.com) 9 € + 2 € de port, 4 € pour 2 ou 3 ex, offerts à partir de 4 exemplaires.
www.editionslenfancedesarbres.com





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