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Pas un mot,

Et pourtant tout arbre

Est parole,

Toute vie qui surgit

Sans raison

De la nuit,

Cette sève lumineuse,

Ce soleil

Qui nous traverse aussi,

Chaque oiseau,

Chaque silence,

Chaque brin d’herbe,

Le souffle du vent

Ignorant

Ce qui le porte,

Nos pas

Sur les branches craquantes

Du sous-bois,

Toutes les racines

En longs conciliabules 

Avec la terre,

Les feuilles mortes

Abandonnées par l’été 

Au sol nourricier,

Le rôle secret

De la pluie,

La ferveur des fougères,

Le chevreuil

À peine entrevu

Dans le tremblement des feuillages, 

La grande ombre des fûts

Où le mystère

S’insinue,

Les sentiers familiers

Qui tout à coup s’enfoncent

À l’intérieur de soi,

Ce dialogue indicible,

Cet orchestre

Auquel tout communie,

Ce royaume

Où chacun de nous

A sa part,

Cette infime partition

De la vie

Dans l’infini des galaxies : 

Tout chante

L’instant miraculeux,

Le présent inconnu,

Ce qui ne fut encore

Jamais dit

Mais qui aujourd’hui s’accomplit,

La joie qui de tout temps

S’est donné rendez-vous

Avec elle-même,

Incognito,

Cachée dans le levain 

D’un poème. 

Jean Lavoué, La Chesnaie, 23 août 2022

Photo JL 23/08/22

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