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mercredi 19 octobre 2022

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Mes premiers mots sont souvent
Pour l’herbe pauvre des chemins :
Elle nous rappelle sans bruit
De quel humus nous sommes.

Elle est rarement seule,
Faisant bon ménage avec l’ortie,
La fougère, les feuilles mortes, le pissenlit,
Et tout un peuple d’insectes 
Se faufilant entre ses racines.

Elle n’a rien à amasser 
Mais se contente de purifier
L’air que nous respirons :
Elle semble avoir gardé intacte en elle
La bénédiction des premiers jours.

Elle ne se compare pas ;
L’arbre est pour elle un miracle
Qui l’éblouit. Le moindre arbuste,
Un don de vie que l’ombre réconforte.

Elle partage sa présence
Avec tous les vivants 
Et se laisse parfois manger
Sans n’y trouver rien à redire.

Elle participe, simple et joyeuse,
Au grand ballet de l’existence,
Ignorant qu’elle nous donne ainsi chaque jour
Des leçons de sagesse.

Sa sobriété est allègre,
Elle s’abandonne à l’abondance
Autant qu’au dénuement des saisons ;
Elle n’enlève rien à la terre qui la nourrit,
Mais elle la couvre et la protège.

Elle n’aurait pas l’idée de s’abriter
Ni de faire des réserves :
Vent, pluie ou neige, elle se revêt  chaque soir 
Du manteau mystérieux de la nuit
D’où elle contemple à l’infini
La moisson du Vivant étoilée. 

Peut-être, au fond, perçoit-elle mieux que nous
Le don généreux dont elle est le simple signe
Et dont nous sommes, nous aussi, les fruits.

Jean Lavoué, Le Blavet, 18 octobre 2022
Photo JL 18/10/22













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