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mardi 24 janvier 2023

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Quand nous serons compris
Comme l’eau du fleuve comprend l’arbre et le ciel,
Saisis dans les remous de l’immense présent,
Nous ne ferons plus qu’un avec l’azur et ses nuages,
Dans le murmure des lichens
Le chuchotement des eaux vives.

Dans la grâce des commencements où le monde se donne,
Nous marcherons au pas allègre des saisons
Et nous serons, au souffle dormant de chaque instant,
Le frémissement de l’onde,
Dans l’aube de la création et l’empreinte des premiers jours.

Qui sommes-nous allant ainsi sur les rives du temps,
Sinon la joie et le regard de se savoir ici,
Princes de ce royaume aussi bien qu’un brin d’herbe,
Ou qu’un oiseau furtif dont le chant nous rassure.

Nous allons éblouis parmi les choses nues,
Passants discrets au fil de signes immobiles
Dont seules les marées proclament avec l’éveil des bourgeons,
Ou les frémissements de l’aile ou la houle du vent,
Le pouls battant de la vie.

Ô soirs et matins qui ressuscitez en nous
Les naissances fidèles, revêtez-nous de gestes de gratitude
Par lesquels nous acquiesçons à la splendeur de vivre !
Faites de nos marches un retour aux fontaines,
Esquissez en nos cœurs l’éclat des printemps revenus !

Nous sommes tous voisins du trèfle,
Des écorces rugueuses et des berges patientes :
De temps à autre, saurons-nous les rejoindre
Sans nous laisser happer par le flux des images ?
Il reste où se poser tant de clairières attentives,
Tant de ports illuminés à la ferveur de nos sillages !

Au fond de nous, tous les espaces sont promis,
Les vagues, les océans, les grèves et les îles :
Allons vers l’horizon comme on entre en soi-même,
Et trouvons-y le feu ou la simple étincelle 
Dont nous sommes les gardiens  
La braise et les sarments !

Jean Lavoué, le Blavet, 20-21 janvier 2022
Photo : comme un vitrail, le Blavet en ses reflets du soir, 20/01/22













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