Traduire

vendredi 10 février 2023

 .








                        SACRÉ BOBIN

(Les premières pages du livre de Philippe FORCIOLI désormais disponible…)

Il s’est envolé le Rouge-Gorge du Creusot, sa ville natale, « la plus belle ville du monde » selon lui et qui pleure son enfant surdoué de la poésie française, Christian Bobin.

Il s’est envolé le 23 novembre.
La première lecture de l’ordinaire de la messe du jour disait chez Malachie (3, 3.4) :

« Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi »

Ces dernières années, on l’a beaucoup vu, entendu, on a beaucoup écrit à son sujet car le monde intellectuel et médiatique non chrétien ou spirituel d’aujourd’hui s’est enfin décidé à reconnaître son talent unique.
On peut suivre sur YouTube nombre de ses entretiens et c’est passionnant.

Pour avoir été invité lors d’une de ses rencontres questions-réponses avec son public à Lyon dans les années 1980 (je devais à certains moments lire des extraits du Très-Bas, son plus grand succès de librairie), je fus émerveillé par les lumières de sa Parole. Jamais de ma vie je n’avais entendu quelqu’un d’aussi intelligent, profond, maniant les mots avec une telle élégance si simple, si accessible, si cultivée et si pleine d’aménité, des mots remplis d’images familières et symboliques en même temps, jamais je n’avais vécu cela.
Il disait lui-même que pour lui écrire et parler étaient la même chose et cela se sentait, se palpait ; un livre ouvert, une bouche d’or.

On lui a reproché l’aspect trop angélique, quasi-fleur bleue de son œuvre. C’est vrai qu’il est capable d’émerveillements si enfantins, si naïfs qu’il peut irriter parfois le cartésien en nous... C’est un homme qui voyait Dieu dans un papillon, un nuage, un souffle dans les arbres, un soupir de bébé et qui n’hésitait pas à l’écrire, à le dire et c’est vrai que cela peut mettre mal à l’aise ceux qui cherchent Dieu ou pas sans relâche et ne le voient jamais... mais sous cette apparence d’écriture « sans estomac » comme l’a brocardée un de ses détracteurs, on reçoit soudain en pleine figure en plein cœur, des formules, des phrases à vous couper le souffle, à vous laisser pantois, ébloui par leur force et leur prolongement lumineux en vous.

Faites l’expérience : mâchez cette phrase jusqu’à en ressentir sa substantifique moelle… « Il nous faut voir les germes d’une joie inconnue où les larmes abondent »…

Elle se marie avec la flèche de « l’homme aux semelles de vent », Rimbaud :

   « Elle est retrouvée
   Quoi ? – L’Éternité
   C’est la mer allée
   Avec le soleil »

De telles phrases, des vers libres en fait, il en a jonché par centaines toutes ses publications. Elles sont à la pointe la plus aiguë de l’indicible, elles ne touchent plus terre, elles sont à la cime de la vision poétique et prophétique, pour moi elles frisent l’ineffable et c’est là œuvre d’un immense poète.

Oui ! Christian Bobin est un immense « POÈTE FRANÇAIS », cela fait déjà le tour du monde, de bouches à oreilles et de publications en publications.

Merci l’artiste et paix à ton âme.



                    DOSSIER MÉDICAL


Je m’étais dit : tu ne partiras pas au grand jardin avant le 31/12/2022.
Je me réveille, il est 5 h 55, on est le 1/01/2023, contrat rempli.

Les premiers pas de ma pensée s’aventurent en cette aube d’année encore vierge.
Que vivrai-je de cet an qui émerge ?

À cause d’un fichu staphylocoque doré chopé à l’hôpital de Nîmes lors de l’installation du « port-à-cath » pour les chimiothérapies (merci les anesthésistes gardois !) me voilà enchaîné aux caprices de cet intrus qui bourgeonne en mon corps où il veut, quand il veut.
Les médecins sont de plus en plus inquiets sur mon cas et tournent en rond car les abcès et les fistules se succèdent et leurs renforts de pus qui fuient sur mon ventre avec leur répugnante odeur, leur tiédeur repoussante et la corvée de draps, de linge de corps à changer au milieu des nuits…

Dis-moi mon corps, prendras-tu enfin la voie de la guérison, de la cicatrisation des plaies, de la réussite des chimiothérapies, vais-je revivre un tant soit peu comme un cancéreux sous traitement continu peut-être mais qui pourrait se lever, marcher, manger, boire et retrouver quelques amis de mon cœur ?

J’ai les tomes 2 et 3 de mes chansons à finir et à livrer et qui sait, ce livre que me propose Jean Lavoué et son « Enfance des arbres ». Ce projet de mes écritures nocturnes commencées à l’annonce de la mort de Bobin survenue le 23, mais que je n’ai apprise que le 30 (après avoir passé des heures le 23 à l’écouter s’exprimer dans des tas d’émissions qu’on trouve sur YouTube, drôle de coïncidence…) me tient à cœur et je veux le mener à terme.
J’ai dit à Jean :
« Je me donne jusqu’au printemps pour rédiger mes Impromptus puis tu trieras et classeras mes feuillets pour en faire un ensemble qui s’intitulera Les Impromptus de La Sauvegarde. »

J’aime ce titre. Je le verrais bien inscrit sur un bon et honnête bouquin de papier doux au toucher, je l’emporterais dans mon panier, impatient d’entrer dans ce titre un peu mystérieux mais attirant.

J’aime ce titre parce qu’« impromptu » ça fait « danseur », danseur étoile sur des pointes et des tutus et dans la « Sauvegarde » il y a de la plage paisible, des petites caresses de vaguelettes toutes brodées d’écume blanche et que le sable absorbe sous la lune et les étoiles.

Les Impromptus de La Sauvegarde, c’est un homme qui esquisse des sauts, des entrechats modestes en s’aspergeant les mollets d’une eau de mer entre fraîcheur de nuit et tiédeur de la journée passée sous le soleil. Il est seul sur cette rive, il a l’air de transporter avec lui de bonnes nouvelles à livrer à l’aube et qui embaument les rues d’un nard aussi gentil que le parfum des petits pains au chocolat qui sourd des boulangeries qui travaillent en même temps que lui-même danse.

Dieu veuille que je voie le printemps, Dieu veuille que je tienne un jour dans mes mains ces impromptus sauvegardés !

Tiens ! Paraît qu’un 1er janvier, on lance des vœux au ciel, eh bien voici mes deux vœux pour « l’an que ven » et j’en rajoute un troisième comme dans les contes où un bon génie vous le propose :
Que la joie quotidienne qui m’anime ici dans ce lit de malade m’accompagne jusqu’au bout.

Je fais rire tout le monde ici, mon humour fait feu de tout bois, bientôt des infirmières chanteront mes chansons et moi qui avais plutôt la réputation d’un ours renfrogné, pas commode d’accès, me voilà devenu boute-en-train, allègre, plein d’attentions pour tout le monde, un modèle de patient que tous les hôpitaux envieraient.

Dernier rêve en forme de promesse : si cet ouvrage paraît aux éditions « L’enfance des arbres », j’offrirai à toutes les personnes qui se dévouent autour de moi, de l’oncologue en chef au dernier brancardier un spécimen dédicacé. Promis, juré !

« Tu l’as dit tu le feras
cochon qui s’en dédira ! »

PHILIPPE FORCIOLI


(Premières pages du livre de Philippe Forcioli, Les Impromptus de la Sauvegarde, disponible depuis le 9 février en librairie (sur commande) et chez l’éditeur) :

Jean Lavoué, L'enfance des arbres                                       3, place vieille ville - 56700 Hennebont
Tel 07 89 98 98 28 

Les Impromptus de La sauvegarde, Histoire vraie d’un petit miracle,
132 pages, à 15 euros l’exemplaire (+4,5 € de participation aux frais de port, 6,50 € pour 2 ex., frais de port offerts à partir de 3 ex.).

Commande
et règlement également possibles par courriel et virement bancaire. Merci de m’adresser un mail ou un MP sur Messenger pour me donner votre adresse postale et recevoir les données bancaires.
courriel : jlavoue@gmail.com








.

Aucun commentaire:

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]