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jeudi 13 avril 2023

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Merci, cher Michel Cool, pour cet hommage chaleureux et sensible consacré à Jacques Gaillot, cet homme fraternel et juste, passionné par le libre poème de l’Évangile !

JL

« Jacques Gaillot est mort

Au revoir Jacques!

Ainsi, à 87 ans, tu as rejoins en ce mercredi de l’Octave de Pâques, Celui que tu aimais tant rejoindre dans  la prière: une prière aussi discrète que contemplative. 

Toi qu’on a présenté comme un « rebelle », un « contestataire »de l’Eglise, tu fus au fond jusqu’au bout, quelqu’un de tranquillement fidèle à ton Seigneur!  Une force tranquille de fidélité à Celui à qui tu avais dit « oui ». 
Tu te seras éteint, comme tu as passé ta vieillesse,  sans faire de bruit, après avoir connu le bruit et la fureur créées à cause de la liberté qui t’animait…

Tu auras été un « objet » de scandale durant ces 40 dernières années de la vie de l’Eglise en France: parce que pour toi il n’y avait qu’un seul scandale inadmissible: celui consistant à séparer l’Evangile de l’option préférentielle des petits, des miséreux, des réprouvés, des malfamés, des oubliés, des persécutés, des marginaux, des méprises, des étrangers, des différents…

Tu fus déchu de ton évêché d’Evreux, d’une manière passablement brutale, après avoir été lâchement dénoncé à Rome et fait l’objet d’un assaut de haine  à faire blêmir la plus élémentaire charité chrétienne. 
Oh tu n’as pas été exempt d’erreurs, d’insouciance, d’imprudence peut-être!  Même tes amis dans l’épiscopat déploraient que tu fasses trop souvent cavalier seul. Mais c’était toi Jacques:  toujours prêt à partir au combat pour la dignité blessée et la justice ébréchée… tu te levais comme répondant à un appel impérieux, comme soulevé par une vague spontanée de compassion et de fraternité…

En cette heure de ta mort, j’entends encore la voix du cardinal Ratzinger me parlant de toi: il n’était pas tout à fait de ton « bord »et il te reprochait d’aller trop souvent parader dans les médias au lieu de t’occuper du troupeau de fidèles qui t’avait été confié en devenant évêque… Mais je me souviens des paroles qu’il m’avait dites sur toi, des paroles que je crois sincères et où perçait quelque chose comme un aveu de compréhension, une forme d’hommage de sa part même: « Mgr Gaillot est évangélique, peut-être plus que je ne saurais l’être… » Mais voilà, tu ne faisais pas l’évêque selon les critères du droit canon. Tu préférais servir les droits humains. 

Ce soir,  il n’est point l’heure de dresser  un bilan de ta vie!  Tu viens de nous quitter, et c’est l’heure de la tristesse et de la gratitude.
La tristesse je la ressens en écoutant le vent fort qui souffle cette nuit. Un vent déchirant comme dans les poèmes d’Emile Verhaeren. 
La gratitude elle m’est inspirée par la douceur de ton sourire, de ta voix, de ta façon d’être. Et puis par ton message  de courage et d’espérance. C’est ce message que tu nous laisses, nous qui demeurons dans la tempête et sur le quai de l’incertitude de ce qui va advenir de notre monde, de notre société, de notre Église! 

Merci Jacques ne n’avoir jamais eu peur. Ou en tout cas, de ne nous l’avoir jamais montré. Ne pas avoir peur. 
A l’heure de ta mort, c’est cela que je retiens. »

Michel Cool

L'évêque français Jacques Gaillot à Paris, en octobre 2011. (Eric Fougere/Corbis.Getty Images)








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