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jeudi 29 juin 2023

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La marche est une école de l'attention, qui est un autre nom de la prière. Charles Wright nous raconte avec simplicité dans la revue Panorama du mois de juin son chemin de conversion : un mot qu’il n’aime pas trop… Gare aux fausses pistes ! C’est le choix d’une vie simple, concrète, « solide » qui a fini par l’emporter chez lui. « On a besoin des poètes pour ébranler la muraille de ces mots qui font écran et ne veulent plus rien dire. » C’est aussi un homme libre qui sait ce qu’il doit à la tradition spirituelle qui est la sienne tout en la laissant ouverte aux vents inédits qui la bouleversent de fond en comble aujourd’hui : « je me définis parfois comme un « chrétien agnostique »… »

JL

Cest dans un tout petit appartement parisien aux murs tapissés de livres que Charles Wright, l'auteur du Chemin des estives, nous reçoit.
On le sent un peu à l'étroit, lui qui est plus habitué aux grands espaces de l'Ardèche, où il vit depuis plusieurs années. A 42 ans, l'écrivain nous raconte son parcours et nous confie sa quête, toujours dans les pas de Jésus.
PROPOS RECUEILLIS PAR ALBAN Mc EDEL
PHOTO : ERIC GARAULT POUR PANORAMA 


Dans Le chemin des estives, vous racontez votre traversée du Massif central à pied, sans un sou. Vous étiez alors novice chez les jésuites.
Depuis, vous avez quitté le noviciat.
Qu'avez-vous fait?

En 2019, peu de temps après ce mois de marche, j'ai en effet quitté le noviciat, où j'avais passé un an, et je suis allé vivre dans un ermitage à la porte d'un petit monastère en Ardèche. J'y ai partagé la vie des frères, entre offices et travail manuel, avec du temps pour écrire l'après-midi. Depuis quelques mois, j'habite dans un autre ermitage, un peu plus éloigné du monastère, mais en lisière d'un village. La solitude y est à la fois plus radicale, puisque je n'ai aucune vie communautaire, et plus civilisée : l'entends les voitures, je croise des gens. Et, de temps en temps, j'ai même la chance d'avoir un bon petit plat que m'apporte une grand-mère du village qui s'est prise d'affection pour moi.

Mais, aujourd'hui, nous nous rencontrons à Paris...

J'y viens régulièrement. Entendons-nous bien : ie ne suis pas du tout ermite. Je vis là-bas car j'ai un besoin viscéral de silence, de solitude, mais je ne suis lié par aucun vœu ni aucune règle. Alors, je gagne un peu ma vie en écrivant et cela m'amène à Paris, pour rencontrer des éditeurs ou des rédacteurs en chef.

Sur quoi écrivez-vous ces temps-ci ?

Je me suis lancé dans un livre sur Charles de Foucauld, dont j'aimerais faire non pas une biographie classique mais une réflexion sur le christianisme à travers cette figure qui compte énormément pour moi. Pour tout dire, j'ai du mal à avancer. Alors, ça a été une grande chance d'être envoyé par un journal faire un reportage dans le Sahara. Je reviens de trois semaines en Mauritanie. J'ai marché trois cents kilomètres avec un archéologue français et trois chameliers sur les traces des tombeaux de saints soufis, ces mystiques musulmans qui vivaient en ermites, à l'écart de la société. Cela m'a permis de faire l'expérience du désert et d'approcher de l'intérieur ce qu'était la vie de Foucauld.

Pourquoi est-il une figure importante pour vous ?

J'ai découvert Foucauld au moment où je quittais l'abbaye cistercienne de Lérins (Alpes-Maritimes), où j'avais passé un an.
En lisant sa vie, j'ai découvert qu'il était lui aussi passé par une abbaye cistercienne (celle de Notre-Dame-des-Neiges, ndlr), avant d'entamer un parcours zigzagant, qui l'avait mené pendant quelques années à la porte d'un monastère. Beaucoup de choses résonnaient avec ma vie, comme si nos existences étaient entrelacées : une adolescence agitée, une conversion tardive, des tiraillements perpétuels, avec le sentiment de n'être jamais à sa place. Il a beaucoup cherché avant de finir par trouver son lieu, Tamanrasset, en Algérie, à 47 ans.
Ça me laisse un peu d'espoir.

Avez-vous d'autres maîtres spirituels ?

Oui, beaucoup de maîtres et de « compagnons de papier » avec qui je chemine en les lisant. Je pourrais citer le frère François Cassingena-Trévedy, par exemple, dont le recueil d'aphorismes, Propos d'altitude, est sur ma table de chevet. Je suis allé le voir récemment dans son ermitage du Cantal, où il m'a reçu en chantant une bourrée auvergnate. C'est un homme extraordinaire, qui va traire les vaches le matin et traduit Virgile l'après-midi... Pour moi, c'est une voix qui compte. Mais je dois aussi citer André Louf, un moine cistercien de l'abbaye du Mont-des-Cats (Nord). Il a passé en ermite les treize dernières années de sa vie avant de mourir en 2010. Je ne l'ai jamais rencontré, mais en écrivant sa biographie, Le chemin du cœur, et en travaillant à la publication de son journal spirituel, j'ai découvert les trésors de l’intériorité chrétienne. André Louf est une grande figure de l'Occident chrétien et un des meilleurs guides pour partir à la découverte des immensités qu'il y a en nous. Il a été pour moi un éveilleur.

Votre livre Le chemin des estives a connu un très grand succès. Est-ce que vous vous y attendiez?

J'en suis encore surpris ! Rétrospectivement, bien sûr, il est facile de voir qu'il y a dedans tous les ingrédients d'un succès : le grand air, l'aventure, la rencontre avec des gens qui redonnent foi dans l'humanité, la célébration de la belle France cantonale... Pourtant, je peux vous assurer que je n'ai pas suivi de recette. le l'ai écrit comme un cri, du fond de ma souffrance, après avoir quitté le noviciat jésuite avec le sentiment d'un nouvel échec. Cela m'évoque une phrase de Jean d'Ormesson : « La littérature, c'est un chagrin dompté par la grammaire. » En tout cas, ça a touché des gens.
J’ai reçu un courrier incroyable, qui m'a fait comprendre que beaucoup de nos contemporains cherchent leur chemin avec un désir de liberté et d'authenticité. C'est la partie chouette du succès!

La médaille a donc un revers?

Plusieurs aspects sont plus difficiles à gérer.
D'abord, le succès inhibe un peu et fait paradoxalement redouter l'échec. C'est peut-être une des raisons qui m'empêchent d'avancer dans mon livre sur Foucauld. Et puis, de manière générale, la médiatisation n'est pas évidente à assumer. D'un seul coup, le quidam que vous étiez devient soi-disant « quelqu'un ». Des journalistes vous sollicitent et vous posent des questions intimes et personnelles auxquelles vous êtes bien en peine de répondre... C'est le cas aujourd'hui avec vous ! (Rires. ) Alors j'essaie de vivre tout ça avec beaucoup de distance, en sachant que ça ne durera pas.

Vous parlez de votre départ de chez les jésuites comme d'un échec. Aujourd'hui, vous vivez dans un ermitage sans être ermite. Diriez-vous que vous cherchez votre vocation ?

Voilà typiquement une question difficile!
Écrire Le chemin des estives m'a aidé à y voir un peu plus clair, parce qu'à travers les péripéties de la marche et des rencontres, ce livre est d'abord une relecture de mon chemin de vie. Le point de départ de ce chemin, c'est une soif d'absolu. Comme tous les convertis, j'ai pensé que ce désir devait se concrétiser par une vocation religieuse. J'ai cherché dans des monastères, des communautés, des ermitages, espérant trouver « le bon lieu ». Aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'il y ait un lieu qui nous attende. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le livre de la philosophe Claire Marin, Être à sa place, qui montre bien les dessous de cette quête. Et puis j'ai fini par comprendre que, pour vivre la radicalité évangélique, je n'avais pas besoin d'un habit, d'un statut religieux et de vœux.

Il m'a fallu du temps pour assumer d'être ce petit gars qui ne rentre pas dans les clous, qui essaie d'inventer sa vocation personnelle et de se frayer un chemin spirituel en dehors des formes balisées. Finalement, c'est très contemporain, cette idée, et pas très original.

Une vocation personnelle hors des clous...
mais tout de même liée à l'Évangile?

Oui. La mode est au développement personnel, à l'estime de soi. Parfois, ces notions sont utilisées comme des slogans un peu creux. Mais elles sont très évangéliques! Plus on approfondit la vie spirituelle, plus on peut découvrir et assumer qui l'on est. Le compagnonnage avec l'Esprit de liberté nous rend libres pour créer notre vie et déployer nos dons singuliers. Nous sommes tirés à exemplaire unique!

Dans votre périple à travers le Massif central, vous aviez emporté L'imitation de Jésus Christ. Pourquoi ce livre ?

C'est un livre anonyme de la fin du Moyen Âge, un recueil de petits aphorismes, donc facile à picorer au fil de la marche. Et puis c'est le livre que Charles de Foucauld a annoté jusqu'à la fin de ses jours, donc ça me plaisait bien. Savez-vous que, jusqu'à la Première Guerre mondiale, ça a été un best-seller absolu ? Sur le fond, ce livre est à la fois exaspérant et enthousiasmant.
Exaspérant par le regard sur le monde, qui n'est à l'en croire qu'une vallée de larmes qu'il faut quitter, en rejetant tout ce qui est temporel et charnel... Mais enthousiasmant aussi par le souffle spirituel qu'on y trouve. C'est de la vitamine en barre ! Il y a un appel puissant à revenir à la vie intérieure qui me paraît très souhaitable pour aujourd'hui.

Est-ce que vous marchez encore beaucoup ?

Oui ! Quand j'ai un coup de blues, je laisse mes livres et mon ordinateur pour aller gambader une journée. Pour moi, c'est le meilleur des médicaments. Et puis, la marche est une école de l'attention, qui est un autre nom de la prière.
De manière générale, il me semble que les choses les plus hautement spirituelles passent par le corps. Se mettre en marche, c'est toujours laisser quelque chose derrière soi et aller au-devant de l'inconnu, de l'imprévu. J'aime beaucoup cette phrase de Grégoire de Nysse, un père de P'Église du IV° siècle, qui écrit à propos d'Abri ham: « C'est parce qu'il ne savait pas où il allait qu'il était dans la bonne direction. » Ça me parle aujourd'hui. J'ai une certaine précarité vis-à-vis de l'avenir, mais aussi une confiance de fond qui m'apparaît comme une marque de l'Esprit.

Abraham est celui à qui Dieu dit :
« Quitte ton pays. » Votre vie a été marquée par beaucoup de départs...

Oui, et ce, depuis mon enfance au cours de laquelle j'ai souvent déménagé. Avec ma mère et mes deux frères, nous suivions mon père qui travaillait dans les travaux publics. Nous avons habité au Caire, à Singapour, dans le Pas-de-Calais... À chaque fois, c'est un arrachement de quitter ses amis, une culture. Mais cela renforce une capacité d'adaptation et aide à relativiser beaucoup de choses. Je dois dire aussi que nous avions un port d'attache familial en Corrèze, où nous retrouvions les cousins pendant les vacances. C'est un endroit très important pour moi, un ancrage capital.

Quel a été votre premier départ personnel ?

Une fugue, à 14 ans, qui a été un événement traumatisant et décisif. Avec un ami, nous voulions aller retrouver des jeunes filles que nous avions rencontrées pendant un voyage de classe en Allemagne. Nous avons été rattrapés à la frontière par la gendarmerie. Une fugue C'est d'abord une fuite, évidemment : fuite de la comédie sociale, de la cage familiale, de la tristesse de n'être que soi. Aujourd'hui, on privilégie les explications psychiatriques, psychanalytiques ou sociologiques, qui ont toutes leur pertinence.
Mais je crois aussi qu'il y a autre chose, qui est spirituel, de l'ordre du désir. C'est ce que les jésuites appellent le « magis », le « plus grand ». On part parce que l'appel de l'infini nous mord le cœur.

Après cette fugue, vous êtes, pour
un temps, rentré dans le rang...

Oui. Pai fait des études à Sciences Po Toulouse et à la fac d'histoire, où j'ai commencé une thèse sur la paysannerie au XIX° siècle et sur les résistances du monde rural à la pénétration de l'État.

La paysannerie, c'est un sujet important pour vous ?

Oui, très ! Cela me vient notamment de la Corrèze. C'est à travers les paysans que j'ai eu, enfant, le pressentiment de la vie intérieure.
J'étais frappé par leur rapport au temps, au silence, à la nature. Par une forme d'humilité et de discrétion, aussi, que je retrouve chez beaucoup d'entre eux. Il existe une mystérieuse parenté entre le monde paysan et la prière. Les choses de l'Esprit ne font jamais de bruit.

Vous n'avez jamais eu envie de devenir vous-même paysan ?

J'aurais aimé, dans une autre vie ! Mais je suis incapable de planter des carottes ou de tenir une bêche. (Rires.) Et puis, j'ai un type d'esprit littéraire qui fait que je ne rentre jamais vraiment dans ces modes de vie que j'admire par ailleurs.
J'ai toujours un regard éloigné, en surplomb, qui fait que je vis la chose et qu'en même temps je la regarde, sans jamais y adhérer complètement.

Bien loin des champs et des campagnes, vous avez travaillé un temps dans les cabinets ministériels.
Que vous en reste-t-il ?

Là aussi, j'ai promené ma curiosité anthropologique. C'est un milieu très intéressant à observer car la proximité du pouvoir exacerbe certaines passions. Mais ce n'est pas un monde qui m'intéresse beaucoup, même si je ne le méprise pas. Je garde le souvenir de quelques grands serviteurs de l'État, qui avaient un vrai sens du devoir. Ce ne sont pas forcément ceux qu'on voit le plus, mais il y en a !

Vous avez tout à l'heure évoqué votre conversion. Pouvez-vous nous la raconter ?

Je n'aime pas ce mot, même s'il n'y en a pas vraiment d'autres. Il porte tout un imaginaire d'effets spéciaux ou de truc foudroyant. Il véhicule une certaine théologie et une image de Dieu... et je ne crois pas vraiment en ce Dieu-là.
Comment en parler ? J'évoquerais l'image d'une trouée, d'un espace qui s'est ouvert en moi, où j'ai senti qu'il y avait « de l'autre », une présence cordiale, que j'ai appelée Jésus. 

Pourquoi Jésus ?

C'est une question vertigineuse ! Si j'étais né ailleurs, dans une famille ou une culture non chrétienne, l'aurais-je appelée ainsi ? Je ne peux pas répondre, mais je peux reconnaître tout de même une part de fidélité, indéniable, à ce que j'ai reçu et que j'ai choisi d'approfondir, en confiance.

Une conversion se traduit-elle nécessairement par un choix de vie ?

Oui et non. Tout le monde n'est pas fait pour être moine ou ermite. Tout peut être bon, y compris de travailler dans des grandes banques internationales. Mais il me semble quand même important de renouer avec une vie simple, concrète, « solide » pour reprendre le titre du livre d'Arthur Lochmann, philosophe devenu charpentier, La vie solide. La charpente comme éthique du faire. Dans notre époque envahie par la technologie, c'est bon de renouer avec des pratiques génératrices de présence.

Qui est Jésus pour vous ?

C'est très difficile de répondre à ça. J'aimerais parfois en revenir à la sobriété des grands théologiens de l'Antiquité : « Dieu est l'incompré-hensible, l'ineffable. » Pourquoi n'en reste-t-on pas là ? Quelquefois, je n'arrive plus à employer le mot « Dieu », tellement il est mis à toutes les sauces. Y compris par la théologie, qui emploie souvent des catégories qui n'ont pas de signification existentielle, des mots qui flottent un peu au-dessus du réel mais ne rejoignent pas les préoccupations des gens. On a besoin des poètes pour ébranler la muraille de ces mots qui font écran et ne veulent plus rien dire. Aujourd'hui, je ne sais pas toujours ce que je crois. Dom André Louf, qui sait de quoi il parle, dit des moines qu'ils sont « experts en athéisme ». Je trouve cela très libérant, venant d'une telle figure ! Et c'est vrai que, quand tu approfondis le chemin spirituel, tu avances de plus en plus dans une sorte de nuit. Alors, je me définis parfois comme un « chrétien agnostique ». Je sais que je chemine avec le Christ, mais après..

Vous lisez l'Évangile ?

Autant que possible. Je regarde vivre Jésus pour cheminer avec lui. Être chrétien m'apparaît de plus en plus comme un style de vie, une envie de conformer mon existence à celle de ce rabbi juif. Je fais confiance à l'Église qui me dit que c'est le Fils de Dieu, mais l'étiquetage ne m'intéresse pas beaucoup.

Vous faites donc confiance à l'Église?

Oui. Ne serait-ce que parce que, sans elle, l'Évangile ne serait pas arrivé jusqu'à nous. Ce n'est pas une confiance aveugle, loin de là : on voit bien les problèmes, comment ne pas les voir ? On peut critiquer l'institution, vouloir changer des choses, et je suis le premier sur le rang. Mais il faut garder une certaine humilité.
Mes études d'histoire m'ont appris à essayer de comprendre les hommes du passé plutôt qu'à les juger avec des lunettes contemporaines.

Abus sexuels, spirituels...
Il y a tout de même des choses difficiles à comprendre et à accepter!

Oui, bien sûr. Je dois dire que les révélations concernant Jean Vanier m'ont beaucoup frappé, car je l'avais rencontré et, comme beaucoup de monde, je l'avais un peu porté au pinacle. Cela m'a interrogé : en qui mettons-nous notre foi ?
J'espère ne choquer personne mais je vis aussi ces révélations comme l'occasion de faire un grand ménage, et j'espère qu'on va aller au bout.

Que voulez-vous dire ?

Un monde finit de s'effondrer, celui de la chrétienté. Il a permis à des gens de vivre pendant des siècles et a enfanté des saints. C'est pourquoi je ne cherche pas à le récuser tota-lement. Mais je pense tout de même que cet effondrement est une bonne nouvelle. C'est l'enfantement d'un nouveau visage de l'Église, que j'ai pu voir pendant ma marche dans le Massif central, que je vois en Ardèche : une Église aux mains nues, qui n'a plus de pouvoir, qui s'occupe des autres, se met au service de leur liberté. Le manque de prêtres nous fait repenser notre accès aux sacrements, dont on a peut-être trop fait l'alpha et l'oméga de la vie chrétienne. Or, pour moi, ce sont des signes, des viatiques pour aller fraterniser dans la société.
Toutes ces questions doivent être repensées, et c'est bien.

Comprenez-vous néanmoins ceux qui éprouvent de la nostalgie ?

Bien sûr. J'avais un oncle écrivain, Denis Tillinac, que j'estimais beaucoup. Il a écrit sur l'agonie de ce qu'il avait connu dans son enfance : une France provinciale, des clochers, de la ruralité. Cette génération avait parfois une conception patrimoniale du catholicisme, que je respecte. Je partage moi-même une part de cette nostalgie : le monde actuel ne me semble pas très aimable dans son rapport au temps, à la vitesse, à la technologie, à la consommation, à la vulgarité... Mais le christianisme nous appelle à aimer ce monde dans lequel on vit, pas un autre.
Ce n'est pas simple, mais c'est ça, être chrétien !

Les chrétiens ont donc une mission?

Il y a une phrase du pape François, empruntée à Benoît XVI, qui me semble importante :
« L'Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction. » Elle se trouve dans un texte qui s'appelle La joie de l'Evangile ! Je crois que tout est là. Il faut bien reconnaître, comme chrétiens, que nous avons longtemps un peu empoisonné la vie des gens. Ce serait bien, maintenant, de développer une théologie du bonheur qui donne envie de vivre du Christ, de montrer que c'est vraiment quelque chose de joyeux, l'aventure chrétienne !

Panorama juin 2023







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