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Nos pauvretés mises bout à bout
Parviendraient-elles
À éteindre l’incendie ?
Nous avons essayé les armes
Nous avons essayé l’argent
Nous avons tenté la démesure
Et si nous nous acceptions
Tels que nous sommes
Voués tous à une mort certaine
N’aimerions-nous pas la rendre fraternelle ?
Ne voudrions-nous pas vivre
Le reste de nos jours
Dans un vif abandon
Un geste franc et solidaire ?
Nos nuits seraient plus douces
Et nos amours plus courageux
Nous y gagnerions peut-être
La paix avec nous-mêmes
Avec tous ceux qui nous entourent
Avec les arbres avec le ciel
Avec les oiseaux du soleil
Et avec toute la création
On n’entendrait plus parler de guerres
On poserait un regard bienveillant
Sur chaque fleur chaque brin d’herbe
Chaque bouquet de bruyère
Nous ramasserions
Pour offrir aux voisins
De pleins paniers
Des fruits de la tendresse
Acceptant de nous perdre
Nous aimerions sans compter
Et glanerions à pleines mains
Les grains de l’abondance
De l’enfance et de la joie
Patients avec nos corps vulnérables
Nous prendrions soin de la vie
Partout où elle se donne
Partout où elle souffre
Et parfois désespère
Compagnons du pauvre en nous
Nous lui ouvririons des clairières
Capables d’accueillir à notre table
Tous les mendiants de la terre.
Jean Lavoué, 16 novembre 2023
Photos JL Le Blavet 16/11/23
« Le travail que je dois effectuer consiste plutôt à creuser en moi la capacité à la réceptivité. Seule une posture d’accueil – être le ravin du monde, selon Laozi -, et non de conquête, nous permettra, j’en suis persuadé, de recueillir, de la vie ouverte, la part du vrai… L’unicité de chacun ne saurait prendre sens que face aux autres unicités, grâce aux autres unicités. Là est la condition même d’une vie ouverte. »
François Cheng
"Fais-toi ravin du monde
Être ravin du monde
C'est faire corps avec la vertu immuable
C'est retourner à la petite enfance"
Lao-Tseu
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