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mercredi 6 décembre 2023

 

Pierre Tanguy nous fait l’amitié à Serge Marzin, initiateur de cette œuvre, et à moi-même de cette note de lecture consacrée à notre recueil Passio Vegetalis. 

JL





Jean Lavoué et Serge Marzin : « Passio vegetalis »

Passion de l’arbre. Passion du Christ. En ces temps de déréliction où la forêt vit sous la menace des incendies ou de la déforestation, le poète Jean Lavoué et l’artiste graveur-buriniste Serge Marzin unissent leurs talents pour évoquer à leur manière un arbre (en quelque sorte « christique » et symbole de vie) « que l’on martyrise par profit ou par négligence », comme l’affirme Serge Marzin.

  12 gravures dites « en taille-douce » et 40 poèmes pour dire une Passio vegetalis. L’artiste a pris le parti de créer, ici,  un « décharné végétal ». Il met l’arbre à nu « en lui ôtant son écorce », ajoute-t-il, sa façon à lui de dénoncer « la déforestation massive de la planète ». L’arbre devient ainsi symbole et  l’expression contemporaine de la souffrance qui peut affecter tous les types d’êtres vivants sur terre.

  Cette Passio vegetalis nous parle aussi indirectement du bois de la croix et de Celui qui y fut suspendu. Les gravures de Serge Marzin ne manquent pas très vite d’évoquer la Passion du Christ. Les branches de l’arbre épousent les bras en croix décharnés du crucifié, les veines de l’arbre nous ramènent au sang versé.

  En  s’associant à Serge marzin, le poète Jean Lavoué poursuit pour sa part toute une démarche engagée de longue date sur le thème de l’arbre. Sa maison d’édition n’est-elle pas à l’enseigne de L’enfance des arbres et deux de ses derniers livres (Carnets de l’enfance des arbres en 2021 et Ecrits de l’arbre au soleil en 2023) montrent cette fidélité à ce qu’il appelle « le domaine vertical ».

  Jean Lavoué s’adresse à l’arbre « Je te regarde vivre/de toutes tes forces neuves//Les miracles que tu fais/on ne les compte pas ». Mais, par glissements successifs, cet arbre épouse la silhouette du Christ quand il devient ce « compagnon », ce « pauvre à nos côtés ». Les allusions au message évangélique se découvrent ainsi au fil des pages. « Avance ta main/mets simplement ton, doigt/sous mon écorce », peut-on lire quand l’arbre « christique » s’adresse à l’homme qui doute (référence au Christ ressuscité s’adressant au crédule Thomas). Et alors nous reviennent en écho ces vers du moine-poète Gilles Baudry : « Laisse la sève/infuser le silence/et irriguer les veines de ton âme ».

                                                                                             Pierre TANGUY.

Passio vegetalis, Jean Lavoué et Serge Marzin, Des Sources et des Livres, 2023, 65 pages, 15 euros.

Photo JL Arbre sur le bord du Blavet






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