Traduire

jeudi 21 septembre 2017

.




            Photo  Sergio Naturalité



Oh mon fleuve aux eaux de feuilles
Et d'automne promis,
Tu fais corps avec les racines
Et les fougères déjà roussies.                
Tu te montres patient
À l'ordre des marées,
Tu ne veux rien précipiter
Car chaque instant t'attache au port.

Tes sous-bois, tes polders
Ont des élans de flammes,
Tu remontes vers moi des viviers de l'enfance.
Je suis en bonne compagnie
Lorsque tu coules en moi.
Le grèbe et le courlis, l'aigrette et le canard
Anticipent la pluie de tous leurs chants sauvages.

Bientôt tu ne seras qu'une alliance de flots,
Terre et ciel confondus de rumeurs en partance.
Je ne cherche jamais à devancer ton pas :
Tu es de chaque soir l'inaccompli du jour
Où l'océan se donne.
Je remonte avec toi vers les grèves enfiévrées
Où tu t'étourdiras de vagues et d'espace
Sous les liserés du sel
Et le feu sans partage de tous les sables gris.

Je ne t'ai rien donné et tu m'as tout remis :
Les mots, le Chant, l'espoir,
La marche sans objet, la présence sans bruit.
Je ne peux que louer ton ardente patience,
Tes lents plissements d'ailes
Pour faire face aux vents,
Ta jeunesse insolente,
Tes berges sans confort.

Tu es le prince ici d'un monde dont l'avenir
Est noué au silence,
Aux matins de la vie.


Jean Lavoué
















.

Aucun commentaire:

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]