Cette maladie rare
Dont tu es devenu, malgré toi, le patient lucide
Et parfois ténébreux,
Et dont nul ne connaît l’origine,
Te l’ais-tu, au fond, donnée
Tout au bout de toi-même
- Ainsi que le lui suggéraient
Les faux amis de Job à perte -
Comme le fumeur impénitent
Ou le brûlé d’amour,
Ou bien le doux rêveur d’inaccessible,
Sans autres maux que ceux-là pour le dire ?
Pas de réponse !
Un peu plus de six mois maintenant
Que tu cherches à percer l’insoluble secret,
Tandis que les soins, à petit feu,
Ont réduit ta capacité d’écrire et de marcher.
Tu sais qu’elle restera ta plus belle énigme,
Avec ce souffle que tu auras tant chanté
Et qui semble maintenant vouloir t’échapper,
Celle qui t’invite à revenir sur toi-même
Comme nulle parole entendue,
Nulle écoute peut-être
Auparavant ne l’avaient osé.
S’il t’arrive désormais de ne dessiner
Que quelques mots comptés à pas de brume
Dans les marges du silence,
Et de les disposer sur l’infinie beauté des jours
Comme branches de tendresse qui cherchent à consoler,
C’est pour te souvenir encore de ces élans qui te portaient
Et de toutes ces rencontres amies
Dont tu ne saurais plus désormais te passer.
Dieu est devenu pour toi, à présent, le grand mystère
Celui que tu n’as cessé de chercher
Là où, sans doute, tu ne croyais pas
Qu’un jour il viendrait
Ni bien sûr qu’il te trouverait.
Et te voici maintenant
Presque aussi pauvre que lui,
Un homme simplement abandonné
Entre ses mains d’impuissance et de feu,
Frère peut-être de celui-là qui se disait son fils
Afin d’inviter après lui chaque pauvre de la terre
A découvrir dans les secrets de sa propre mort,
Sa plus belle promesse d’amour,
Cet inconnu fiché au cœur de sa vie
Tel un bourgeon à naître.
Jean Lavoué
Le 25 novembre 2017,
Bien avant l’aube.
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