Les ai-je suffisamment serrés
Dans les futaies de mes silences
Ces mots qui se donnaient
Au long des marches fraternelles ?
Ai-je assez, avec eux, arpenté en rêvant
L’espace de ma perte ?
Ont-ils fini de creuser en moi
Le sanctuaire dénudé ?
Peut-être resterait-il encore,
Dans un coin de roche oublié,
Quelque rescapé à sauver !
De quelle volière se sont-ils enfuis,
Dont je n’aurais pas su garder la clef ?
Par quelles trouées ont-ils gagné le ciel ?
C’est désormais à la sauvette
Que je grappille, ici ou là, les quelques miettes
Disputées aux moineaux
Qui les emportent à tire-d’aile.
Comme un froment, au fil des jours,
Les ai-je suffisamment broyés ?
Ce qui m’avait nourri, le voici maintenant rompu :
Peut-être ne demeure
Que ce pain partagé !
N’aurais-je pas oublié,
Glanée dans le feu de l’instant
Et sans réserves pour la route,
La manne qui donne vie ?
Je garde la vive entaille
De ces chants pardonnés.
Jean Lavoué, 9-10 octobre 2018
Photo : congerdesign Pixabay
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