J’ai mal à la tendresse,
J’ai mal à la miséricorde,
J’ai mal à la bonne nouvelle !
Faut-il mêler le poème
À ces mots durcis
Qu’on dirait tout droit sortis d’un mauvais remake
De la mafia sicilienne ?
Imagine-t-on le Christ,
Acclamé par la foule,
Jeter l’anathème à la cantonade
Sur des centaines de millions de femmes blessées et vulnérables de
par le monde
Comme sur ceux qui leur viennent en aide ?
L’enfant qu’elles n’ont eu ni la force
Ni le courage de mettre au monde
Faut-il le retourner contre elles
Tel un poignard vengeur ?
Qui sait le prix pour elles
De la douleur et parfois de la honte ?
Faut-il y ajouter des mots qui tuent ?
Faut-il dresser au sommet de la pyramide ébranlée
Cet étendard belliqueux,
Dans un combat plein d’arrière-pensées,
De besoin de restauration,
De conciliation avec les plus durs ?
Qu’était-il besoin de recouvrir ainsi
De façon si urgente ?
Quelle occasion perdue
De reconnaître, en soi comme en tout autre,
Son humble pauvreté
Devant l’étrangeté du désir
Et l’amour désarmé ?
À juger ainsi sans appel femmes et hommes de ce temps,
Peut-on croire minimiser
La faute indélébile
Dont le corps qu’on représente
Est à jamais souillé ?
Pourquoi dresser les uns contre les autres
Ceux que la colère aveugle
Plutôt que de se pencher avec douceur,
Avant même celles de l’enfant promis,
Sur la vie et la tendresse empêchées,
Parfois violées ?
Je sais que ce n’est pas là un poème,
Juste un cri de colère,
Un simple plaidoyer
Pour que se taisent un jour ces notes discordantes
Qui affaiblissent chaque jour un peu plus
La voix réaliste, miséricordieuse
Et courageuse du cœur !
Jean Lavoué, le 11 octobre 1980
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