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dimanche 23 décembre 2018







Naître avec l’hiver,
Cela ne nous permettrait-il pas
De communier à l’arbre,
D’en éprouver l’aubier,
Le chant dépouillé,
De ne faire qu’un avec les feuilles,
L’humilité des souches,
Leur pauvreté consentie ?

Naître avec l’hiver,
Ne serait-ce pas d’avance
Dire oui au printemps
Et vivre
De toute la force de notre cœur,
Dans le flamboiement des fougères,
L’incroyable douceur de l’air ?

Naître avec l’hiver,
Ne serait-ce pas faire un pacte
Avec le plus fragile en nous,
Un vœu de pauvreté
Qui nous réconcilierait
Avec le vent,
Son silence ébloui ?

Naître avec l’hiver
Ne serait-ce pas semer
Dans la nuit du monde
Des graines de promesses,
Prendre avec soi pour l’exaucer
La nature ou le feu,
Leur douce mélodie ?

Naître avec l’hiver
Ne serait-ce pas pactiser avec nos douleurs,
En faire des passerelles de tendresse,
Étendre un baume sur tant de plaies,
Envisager sur tant de fronts
Les caresses de l’aube ?

Naître avec l’hiver,
Oui, ce serait sans doute
Ne rien désirer d’autre
Que cela qui nous est confié,
La terre et tous ses habitants
À protéger et à sauver.

Naître avec l’hiver
Ce serait gratitude infinie
Pour ce feu dont nous sommes
Les hôtes et les gardiens,
Les transmetteurs de vie,
Les porteurs d’étincelles.

Naître avec l’hiver
Ce serait simplement demeurer
Dans l’amitié des choses,
La ferveur des êtres,
Le souffle des animaux,
Les chants qui montent de la terre.

Naître avec l’hiver,
Ce serait acquiescer pour de bon
À la grande Vie
Qui nous approuve et nous déroute,
Nous met au large,
Nous certifie.

Naître avec l’hiver
Ce serait l’enfance nue
Arrimée aux marées,
La parabole qui nous remue,
La fête dans les étoiles,
L’instant réconcilié.  

Naître avec l’hiver, assurément
Ce serait être debout et marcher
Débarrassés de trop lourdes croyances,
Allégés de tant de pierres vides,
Ancrés dans le seul émerveillement
D’un homme qui s’avance,
Ouvert et sans défense,
Face à son destin

Naître avec l’hiver,
Ce serait accepter jour après jour
Le bondissement de la lumière,
L’impondérable qui nous étreint,
Ce bruissement d’eau vive
Dans les veines du temps.

Naître avec l’hiver,
C’est à présent germer
Dans la terre de l’origine
D’une confiance neuve,
D’un abandon absolu,
Sûrs qu’il n’est d’autre règne
Que celui de la joie,
Qui, ici-même, nous comble
Et nous redresse.


Jean Lavoué, texte et photo le 22 décembre 2018

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