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lundi 1 avril 2019

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Tout juste deux ans après la création de la maison d'édition L'enfance des arbres, voici un livre qui tombe à point nommé pour en exprimer l'esprit, en décliner les intuitions fondatrices. Au-delà des connivences évidentes, des fraternités lumineuses faisant converger nos voies, c'est par l'éclat d'une pensée résistante et rebelle que Manon Fazan s'attache, en effet, à définir ce qui nous manque le plus : le souffle, la Parole vitale, Cela qui nous traverse, qui est plus grand que nous et dont nous ne pouvons rien dire… sauf parfois par la grâce d'un élan créateur dont la poésie n'est que l'une des multiples formes d'expression.

Qu'est-ce que le poème pourrait bien avoir encore à nous dire dans un monde utilitaire ou seul ce qui se compte, se monnaie, semble désormais avoir de l'importance. Les multiples étincelles que lance Manon Fazan sont là pour allumer un feu par lequel puisse encore se transmettre entre humains la flamme de l'essentiel. Sa méditation est subtile. Elle n'ignore rien des chausse-trappes où pourrait se fourvoyer une approche naïve et mièvre de la poésie. Non, c'est d'une nourriture substantielle, exigeante et simple à la fois, dont elle souhaite entretenir notre foyer secret. Car son approche du Poème se confond avec le plus intime de nous-mêmes, nous y rejoint intensément.

« Poésie et intériorité » est le nom de la collection dans laquelle prend place cet ouvrage. Il aurait pu en être le titre. Car c'est ce lien délicat entre spiritualité et existence humaine dont Le feu du poème ne cesse d'explorer les proximités et les différences. "L'écart et l'alliance" pour reprendre le beau titre du livre posthume de Jean Sulivan. C'est dans cet entre-deux que nous avons notre demeure. « L'État de Poésie »[1] ne suppose nulle installation définitive mais au contraire la vie la plus aventureuse, la plus risquée qui soit. « La poésie sera toujours l’éloge de la vie dangereuse »[2].

Au cœur du livre de Manon Fazan un souci avant tout de transmission : qu’allons-nous laisser à nos enfants ? Un monde d'écrans, de facilité, d'épuisement de notre terre commune, de compétition ? Ou bien ce goût du réveil pour les choses vitales, risquées, essentielles ? Allumer ou rallumer le Feu du Poème, c'est pour l’auteure de cet ouvrage notre tâche principale. Puissions-nous être les plus nombreux possibles à nous transmettre ainsi dans les nuits du monde la flamme qu'elle nous tend.


Jean Lavoué

Le livre de Manon Fazan s’est fait attendre… Tout comme celui de Lise, « Matins de tendre espérance » qui, lui, malheureusement, n’est toujours pas arrivé… Désolé pour les personnes qui avaient commandé en mars. Mais voici « Le feu du poème », tout frais livré par un imprimeur apparemment quelque peu débordé… Il est donc toujours possible de le commander, comme celui de Lise, en suivant le lien suivant :
Le feu du poème de Manon Fazan, préface de Jean Lavoué, 260 pages, Ed. L’enfance des arbres https://www.editionslenfancedesarbres.com/commander.html


[1] Georges Haldas
[2] René Guy Cadou


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