Retour à la forêt, sa prière immobile
Quand à l’office de nuit les moines se répondent :
Châtaigniers, hêtres, chênes, pins,
Tous accordés à l’élan vertical,
La poussée souveraine qui nous redresse et nous console.
On est à même le poumon de la vie
Là où notre terre respire :
On se sent exister en elle,
Réconciliés avec sa sève
Qui est le chant.
C’est elle que nous supplions à présent de nous garder,
Lui promettant de faire notre possible
Pour l’aimer, la protéger,
Lui permettre d’accueillir encore pour des générations,
Quand bientôt nous ne serons plus là,
Tous les enfants,
Puis les enfants de nos enfants dont nous n’aurons fait que deviner
Dans le sillon de la nuit le fécond sillage.
Odeurs de pommes de pins, insectes tourbillonnants,
Mousses, lichens et lierres,
Témoins de longues oraisons
Nous accorderez-vous longtemps encore la grâce
De cette voûte de feuillages qui vous protège,
Nous permettrez-vous d’aimer autant que vous le vent
L’orage et ses soleils,
Le ciel et ses éclats ?
Ô ces troncs enlacés
Où notre souffle se ranime :
L’écorce rugueuse sèche nos larmes,
Affermit nos bras ;
La cantate des sources,
Le psaume des clairières,
La fête des ruisseaux
Font se lever dans nos poitrines tant de cortèges d’oiseaux.
Nous sommes d'un peuple nomade,
Nous ne l’avons pas oublié :
Ni cette soif pour durer,
Ni ces haltes incertaines dans des abris de fortune,
Ni la compagnie des branches et des fougères qui nous couvraient :
Que ces sentiers de gloire nous donnent cœur pour espérer
Et la mémoire,
Qu'ils fassent de nous des serviteurs conscients
Et des passeurs reconnaissants !
Jean Lavoué, texte et photo, Bois de Saint-Caradec, 1er
juin 2019
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