Traduire

samedi 22 juin 2019

.













Pourquoi écrire devient-il parfois si difficile
Tandis que la nuit qui partout t'environne
Glisse sans façon l'anneau du doute à ton doigt ?
Tu voudrais bien encore trouver les mots,
Et pourquoi pas écrire des vers,
Mais la lampe reste là brisée sur tes genoux
Et te voilà à terre,
Cherchant à tâtons la craie qui pourrait encore dessiner
Ces petits signes d’amour sur le tableau noir des années.

Autour de toi
Tant d'amis sont à la peine
Qui eux non plus n'entrevoient pas d’issue
Au mur opaque des journées ;
Tu voudrais les porter bien haut dans la lumière
Que tu en serais encore empêché
Par cette croix qui les cloue avec toi
Sur les fronts de l'existence où l'on vacille sans pourquoi.

Alors tu fais silence,
Tu laisses le souffle ranimer s'il le veut
Les braises enfouies sous la cendre ;
Tu consens simplement à ne pas t'opposer au vent
S'il trouve encore en toi la force
De pouvoir mettre le feu.

Tu deviens familier de ces voies obscures
Où tu cheminais autrefois en rêvant
Dans une clarté bruissant de feuillages et d’oiseaux ;
À nouveau des phrases désaccordées te viennent,
Comme on glane les graines à la fin de l'été.

Tu te promets de chercher encore
Dans le lit noir des heures
L'étoile qui scintille
Dans l'infini des blés ;
Tu reprends la page où tu l'avais laissée :
Tu la couvres de gestes timides
De réconfort, de consolation,
De patience et d’amitié.

Et miracle ! Voici que le poème te guérit,
Il t'ouvre en plein désert une voie
Où son chant te conduit.
Ainsi t'aura-t-il suffi de te courber un peu
Pour sentir tout au fond du puits,
Dans l'espace sans prise et sans lueur,
Deux mains ardentes et nues se poser sur ton cœur. 

Jean Lavoué, 22 juin 2019
Photo La cathédrale de Rodin


Aucun commentaire:

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]