UN
CHANT AUX PAS D'OISEAU
Faut-il
se dépouiller jusqu'à ce rien, cette racine nue,
Ce
trait de l'aube où le soleil se lève ?
Mais
ce sera de nuit,
Les
eaux du fleuve n'auront pas fini de nous dérouter
Quand,
soudain, quelques mots, à peine un souffle :
Nous
nous reconnaîtrons de ce pays
Dont
le nom est hissé au faîte du silence.
L'instant
d'avant, tout était noir : l'ombre, l'oubli ;
Mais
déjà se dessinaient de grands signes inconnus dans les paumes de l'attente ;
Le
poème faisait provision de nocturnes lueurs, de bruissements d'ailes,
D'instants
fragiles pour se donner.
Il
était là, posé, au bord des lèvres du matin,
Sans
bruit et sans éclat,
Incertain
encore de la joie qui naîtrait.
Avec
lui laissons-nous gagner par la confiance des forêts,
Par
le feu des clairières !
Choisissons
les rives de l'intranquillité !
N'ayons
pas peur de descendre, de ne plus rien comprendre,
Ni de
plonger sans retour dans les sillons de l'obscurité !
Il règne
en soi un pays de fête, d’improbables ouvertures
Dès
que nous laissons le vent aller où il veut,
S'engouffrer
dans nos terres tourmentées,
Soigner
nos peurs et nos douleurs,
Apprivoiser
nos lisières étranges, réveiller nos émerveillements.
Pour
que l'azur soulève nos rideaux,
Pour
que le ciel se penche à la fenêtre,
Il
faut nous reposer, traverser les digues de l'ennui,
Cesser
de nous affairer :
Il
arrive alors qu'au seuil de l'inconnu,
Les
premiers mots d'un chant aux pas d'oiseau
Viennent
se poser sur la margelle du jour.
Jean
Lavoué, le 17 février 2020.
Photo
Cock-Robin/Pixabay
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire