L'INSTANT
SOLEIL
Si le
temps nous emporte souvent loin de nous-mêmes,
Si
nous sommes absents à ce rien qui nous fonde,
C'est
par le chant des autres que tremblants nous naissons
Aux
instants de lumière qui, eux, ne passent pas.
Mais
nous n'inventons rien,
Joyeux
nous accueillons dans la césure des mots
Ces
éclats de silence maintes fois partagés
Par
ce flot de poètes, d'amants toujours fragiles,
De
vigiles aux aguets qui nous donnent le là
D'une
parole enfouie, d'une présence sauve.
Il
nous faut bien entrer dans cette symphonie
Dont
nous sommes pourtant la modeste mesure
Et
répondre sur le champ aux accords très lointains,
Fruits
en nous sans pourquoi d'un orchestre infini.
Ajouter
à ce chant, entrer dans cette ronde,
N'est-ce
pas accueillir en soi l'instant soleil ?
N'être
plus séparés en l'amour du poème,
Se
découvrir enfin d'une pièce sans coutures,
Cessant
de nous cogner aux limites absurdes,
Ayant
posé les armes, quitté nos fausses gloires,
Nous
laissons croître en nous ce que mort ne prend pas.
Ce
sont ces moments-là qui nous sont secourables
Où
nous nous éprouvons de cette enfance ailée,
De
cette commune empreinte, de ce jour vulnérable.
C'est
par ce souffle infime, cette corde inconnue,
Que
vibre en nous la joie, la grâce de la vie.
Ainsi
demeurons-nous avec tous accordés,
En
gratitude d'être et sûrs d'avoir aimé.
Jean
Lavoué, 1er février 2020
Photo
Pexels/Pixabay
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire