Traduire

lundi 3 février 2020

.













L'INSTANT SOLEIL 

Si le temps nous emporte souvent loin de nous-mêmes,
Si nous sommes absents à ce rien qui nous fonde,
C'est par le chant des autres que tremblants nous naissons 
Aux instants de lumière qui, eux, ne passent pas.

Mais nous n'inventons rien, 
Joyeux nous accueillons dans la césure des mots
Ces éclats de silence maintes fois partagés
Par ce flot de poètes, d'amants toujours fragiles, 
De vigiles aux aguets qui nous donnent le là 
D'une parole enfouie, d'une présence sauve.

Il nous faut bien entrer dans cette symphonie 
Dont nous sommes pourtant la modeste mesure
Et répondre sur le champ aux accords très lointains, 
Fruits en nous sans pourquoi d'un orchestre infini.
Ajouter à ce chant, entrer dans cette ronde, 
N'est-ce pas accueillir en soi l'instant soleil ?

N'être plus séparés en l'amour du poème,
Se découvrir enfin d'une pièce sans coutures,
Cessant de nous cogner aux limites absurdes, 
Ayant posé les armes, quitté nos fausses gloires, 
Nous laissons croître en nous ce que mort ne prend pas.

Ce sont ces moments-là qui nous sont secourables 
Où nous nous éprouvons de cette enfance ailée,
De cette commune empreinte, de ce jour vulnérable.
C'est par ce souffle infime, cette corde inconnue, 
Que vibre en nous la joie, la grâce de la vie.
Ainsi demeurons-nous avec tous accordés,
En gratitude d'être et sûrs d'avoir aimé.

Jean Lavoué, 1er février 2020 
Photo Pexels/Pixabay
























.

Aucun commentaire:

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]