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lundi 16 mars 2020

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À LA FENÊTRE DU MONDE

N'arrache pas l'ivraie de ton tourment
Mais laissela pousser
Comme fleur à ton seuil 
Semis montrant l'étoile
Dans la nuit du vivant !

Bannis l'indifférence 
Suis la voie des villages 
Avec tant d'autres lié
Tu te trouves en partance 
Racines enchevêtrées 
En quête de lumière
Sous l'humus des jours !

Tiens-toi sans effort
Dans l'entrebâillement des heures
Laissant tomber la pluie
Sur tes matins fragiles
Adopte la danse des herbes
Le sommeil des pierres 
L'acclamation des nuages !

Demeure dans l'élan des branches
Et dans la bienveillance du vent
Capable de salutations
De distances aimantes 
Tout en restant très proche 
De mains tournées vers le soleil !

Il te reste tant d'espace à trouver en toi-même 
Tant de secrets à naître
Dans l'éventail du cœur 
Tant de marées patientes
Sur la grève des solitudes
Tant de ruisseaux à écouter 

Tant de musiques aussi
Tant de chants généreux 
Que l'oubli a recouverts
Tant d'hymnes à partager 
Tant de sèves dressées
Sous la courbe du temps 

Qu'un livre s'ouvre en chemin
Un tableau plein d'éclats
De signes et de couleurs 
Et te voilà conduit au-delà de tes peurs
Blessé certes mais debout
Accompagné là où tu refusais d'aller
Dans la cadence de tes pas 
Abandonné mais présent 
Au solstice de ta joie 

Ou bien qu'un poème s'éveille
Le tremblement d'un feuillage 
Le balancement de quelques syllabes
Sous l'aubier du silence
Et te voilà complice de l'oiseau
À l'orchestre des cimes 
Habitant son envol
Entrouvrant la fenêtre du monde 
Familier de l'instant !

Jean Lavoué, 15 mars 2020
Photo : italiens s'encourageant et chantant depuis leurs fenêtres et leurs balcons















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