L'AVENIR RETROUVÉ
J'ai entendu ce matin prononcer le beau titre d'Éluard
"Capitale de la douleur"
Et me voici saisi par ce désert silencieux
Qui s'élargit autour de nous
Cette tremblante communion de façades et de toits
Lavés par l'inquiétude.
Oui la Ville lumière souffre
Et c'est en chacun de nous que sa flamme vacille
Nos proches nos amis nos enfants nos lointains
Notre foule endormie tout à coup retirée
Ce peuple de soignants à genoux à ses côtés.
Ici le ciel est bleu
Les arbres se laissent encore caresser par le vent
Nulle trace d'ennemi ni de menace inquiète
Mais pourquoi sourd des jours cette triste mélodie
Comme la plainte assourdie d'une source qui se tarit ?
Nous avons mal au souffle de ceux qui sans témoins
S'asphyxient dans leur nuit
Nous avons mal aux hôpitaux où tant des nôtres sont cloîtrés
Nous avons mal à ces rues vides
A ces clôtures invisibles
A cette vie partout entamée.
Nous avons mal aussi aux villages meurtris
Aux horizons sans chemins
Mais aussi à Bombay à Gaza à Delhi
À l'Afrique accroupie sur les flancs du volcan
Aux capitales secrètes de nos rêves engloutis.
Mais nous croyons pourtant qu'une porte s'entrouvre
Et qu'un feu secourable annoncera l'été
Nous croyons qu'à des mains se joindront d'autres mains
Pour transmettre à nouveau la note bienveillante
Nous croyons qu'un orchestre se forge et se prépare
Qui déclarera bientôt l'avenir retrouvé.
Jean Lavoué, 1er avril 2020
Photo vydumka/Pixabay
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