SERVITEURS D'UN JARDIN
Pâques au goût sauvage de fleuves et de déserts
De mers traversées
Fête cette année du passage
Pour les arbres les rivières
Le ciel et ses oiseaux
Tandis que nous voici cloîtrés derrière les murs de nos maisons
Protégés de quelle douleur
Pâques silencieuse où la blessure fait mal
Où nous gardons trace des clous
Pâques si dure à concilier
Sans savoir quand nous sera roulée la pierre
Un cahier printanier s'ouvrira-t-il en nous
Une page nouvelle restera-t-elle tournée
Habiterons-nous en poète le monde qui vient
Mêlerons-nous notre vulnérabilité à la sienne
S'il nous fallut être à genoux pour que la terre respire enfin
Apprendrons-nous demain à épargner ses sentiers ses forêts
Ses plantes ses glaciers
Son sol dont nous vivons
Ses cerisiers en fleurs flambeaux de la lumière
Ce jardin dont nous avions cru être les rois
En deviendrons-nous les serviteurs
Un peuple fraternel ou nul ne manquerait
N'agirait dans la démesure
Où les pauvres mangeraient à leur faim
Où l'on pourrait célébrer vraiment la fête de la Vie.
Jean Lavoué, 10 avril 2020
Photo : Heidelbergerin/Pixabay
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