LES PAS D'UN AMI
À Jacques Bonnadier
Quand les pas d'un ami se rapprochent
Aussitôt des cohortes d'oiseaux
S'enfuient dans ma mémoire
Pour me donner la clé
D'un royaume enfoui
Il savait les passages
Les levées souveraines
Les éclaircies de l'âme
Il connaissait le chiffre
L'enclume de la parole
Avait gardé au cœur
Étincelles invisibles
Les éclats d'un amour
Ses mots dessinaient l'arche
Du poème en attente
Il prononçait par cœur
La rime des saisons
Sa voix perçait encore
Sous la brume des fatigues
Il n'avait pu échapper au printemps tourmenté
À ces fièvres sournoises
Mais il reprenait pied dans les biefs de la joie
Il m'atteignait ici
Sur les berges du silence
Où tant de voix bruissaient
Dans les marges de l'aube
Les pages d'un chant libre
De soleil et de vent
Faisaient revivre en nous
Tout un peuple endormi
Dont nous étions ici
Dans l'instant infini
Enfants de même source
Et rois du même sang
Nous savions retrouver
La sève sous l'écorce
Et le feu des racines
Le souffle du vieil arbre
Et la force invincible.
Jean Lavoué, le 23 juin 2020
Photo Andre_Rau/Pixabay
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