Photo clin d’œil adressée par l’ami Pierre Tanguy : les livres de L’enfance des arbres sont en bonne compagnie à la librairie Ravy de Quimper.
En grand lecteur de poésie, voici la note qu’il consacre au recueil de Bernard Victor Chartier : « Dans tes pas, peut-être »
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Bernard Victor Chartier : « Dans tes pas, peut-être »
Retrouver son père, marcher dans ses pas, le réinventer et peut-être même le ressusciter : Bernard Victor Chartier le fait par le truchement de la poésie sans jamais quitter son jardin ni sa cabane nichée dans un sycomore. Tel un sage au cœur de son bocage sarthois, il médite sur la filiation au sein d’une nature seule à même de lui apporter une forme de résilience.
« Le presque nouveau-né que j’étais quand tu es parti ». Bernard Victor Chartier a 9 mois et son père 33 ans. C’était il y a soixante-dix-sept ans. « Taiseux étais-tu ermite toi aussi/je serais donc né ermite de toi ». Le poète lance alors un défi à son père disparu : « Défricher ensemble le pur bonheur ».
Symboliquement et métaphoriquement, cette quête se mènera, « en dehors de la ligne droite inévitable », au cœur d’un mandala qu’il a dessiné avec sa tondeuse dans l’herbe de son jardin-éden. « Tu vas ainsi réinventer avec moi la vie courbe ». Et il l’interpelle : « Suis-moi Marcel mon père » (comme si la ligne courbe pouvait le ramener à un point d’origine).
Chemin faisant, les pas de l’auteur le conduisent (ainsi que son père) sur ceux de poètes dont on connaît la communion avec la nature et l’art d’appréhender la vie avec ce détachement propre aux philosophies extrême-orientales. Bonjour, donc, à Bashô, Buson, Issa, Ryokan, tous ces maîtres en haïku que l’auteur cite à plusieurs reprises dans son livre.
Qu’un « volatile non identifié » le frôle (« un passereau certainement ») et voilà Bernard Victor Chartier citant Issa : « Viens avec moi/et amusons-nous un peu/moineau sans parents ». Ce haïku dit tout, finalement, de la démarche poétique engagée ici. Autrement dit, faire un va-et-vient permanent entre le père, le fils, la nature, le jardin et tous ces auteurs qu’il fréquente assidument. S’engage ainsi une forme de navette que les oiseaux (mésanges, rouges-gorges…) tissent avec application au fil des jours tandis que la cabane dans le sycomore nous renvoie à l’ermitage « intérieur » du père et à une autre cabane, celle du poète Ryokan (« un calme parfait/sur un oreiller d’herbe/ loin de ma cabane »).
D’autres figures de femmes et d’hommes, ceux que Chartier appelle « les résidents de mon éden », peuplent ce livre et aident à faire le saut dans le temps à la redécouverte du père. Ils s’appellent Gandhi, Angelius Silesius, Etty Hillesum ou François d’Assise. Avec eux, l’auteur entretient, dans une attention soutenue aux couleurs et aux sons, une folle espérance. Retrouver, au bout de sa quête, une forme d’apaisement et le « sentiment d’un bonheur nouveau ».
Pierre TANGUY.
Dans tes pas, peut-être, Bernard Victor Chartier, aquarelles de Bernard Schmitt, préface de Jean Lavoué, L’enfance des arbres, 127 pages, 15 euros. L’enfance des arbres publie par ailleurs La nuit et la grâce de Claude Thevenon, poèmes-psaumes, 111 pages, 15 euros.
Tous les livres publiés par l’enfance des arbres peuvent être commandées au 3 place vieille ville, 56700 Hennebont (frais de port : 3,50 euros pour 1 livre, 6,50 euros pour 2 livres, offerts à partir de 35 euros. https://www.editionslenfancedesarbres.com/commander.html
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