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dimanche 25 juillet 2021

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Au cœur du magnifique récital Brel-Barbara que donnait ce soir à Guidel notre amie Fabienne Marsaudon, privée comme ses musiciens de concert pendant 19 mois, cette émouvante lettre-poème écrite par Barbara au lendemain de la mort de son ami. Si vous voulez retrouver l'émotion de ce très beau récital, voici le lien pour commander le CD (18 euros + 2 euros de frais de port) : 


Il pleut sur l'île d'Hiva-Oa
Le vent, sur les longs arbres verts
Jette des sables d'ocre mouillés
Il pleut sur un ciel de corail
Comme une pluie venue du Nord
Qui délave les ocres rouges et les bleus-violets de Gauguin
Il pleut
Les Marquises sont devenues grises
Le Zéphir est un vent du Nord
Ce matin-là
Sur l'île qui sommeille encore 

Il a dû s'étonner, Gauguin
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord
Il a dû s'étonner, Gauguin
Et toi, comme un grand danseur fatigué
Avec ton regard de l'enfance 

Et toi, bonjour monsieur Gauguin
Faites-moi place
Je suis un voyageur lointain
J'arrive des brumes du Nord et je viens dormir au soleil
Faites-moi place 

Tu sais
Ce n'est pas que tu sois parti qui m'importe
D'ailleurs, pour moi tu n'es jamais parti
Tu sais
Ce n'est pas que tu ne chantes plus qui m'importe
D'ailleurs, pour moi, tu chantes encore
Mais penser qu'un jour
Le vent que tu aimais te devenait contraire
Penser que plus jamais
Tu ne naviguerais, ni le ciel, ni la mer 

Plus jamais, en Avril toucher le lilas blanc
Plus jamais voir le ciel au-dessus du canal
Mais qui peut dire
Moi qui te connais bien
Je suis sûre qu'aujourd'hui
Tu caresses les seins des femmes de Gauguin
Et qu'il peint Amsterdam
Vous regardez ensemble se lever le soleil
Au-dessus des lagunes
Où galopent des chevaux blancs
Et ton rire me parvient
En cascade, en torrent
Et traverse la mer
Et le ciel et les vents
Et ta voix chante encore
Ho, il a dû s'étonner, Gauguin
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord
Il a dû s'étonner, Gauguin 

Souvent, je pense à toi
Qui a longé les dunes et traversé le Nord
Pour aller dormir au soleil
Là-bas, sous un ciel de corail
C'était ta volonté
Sois bien, dors bien
Souvent, je pense à toi 

Je signe Léonie
Tu sauras qui je suis
Dors bien 

Barbara

Photo J.L.






















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