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De combien de mots, de cris, d'images enchevêtrées
Faut-il se défaire
Avant de se laisser saisir
Par les premiers mots d'un poème ?
Il en va de cet oubli
Comme d'un homme
Qui aurait enfoui le trésor de sa vie,
Tous ses désirs, tous ses soucis,
Dans un champ.
Qu'il vente, qu'il neige
Ou que l'azur irradie,
En toutes saisons germe en lui
Une parole née d'un fin silence.
Il se tient au bord de ce champ,
N'ayant plus à se préoccuper de rien :
Il sait qu'au fond de lui
Le ciel revêt déjà les pétales
D'un printemps soleilleux.
Bouche cousue sur son secret lumineux,
Il apprend ainsi à se contenter
Du trois fois rien qui l'éclaire.
Il fait confiance aux moissons futures
Ainsi qu'aux puits de la rencontre et de l'amitié
Avec tous ceux qui, autour de lui, font de même.
La nuit du monde,
Il la voit comme un ciel privé d'étoiles
Où brille l'anneau nuptial d'une promesse.
Le moindre passereau est pour lui
L'annonce de trouées neuves
Dans les carrés de l'aube.
Il sait que la terre reverdira
Et que, du plus petit brin d'herbe
À la crête des arbres,
Ce sera sur tout gel et sur toute blessure,
Toute souffrance et tout abandon,
Une fête sans fin,
Des matins d'envol pour la joie.
Jean Lavoué, 31 août 2021
Photo JL, l'univers du poète ferrailleur, mobile de Robert Coudray, 29/08/21
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