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Le poème, tu le cueilles
Au bout de tes silences.
Ce rien qui inaugure
Tu en fais des clairières
Débouchant sur le jour.
Pour te fondre au mystère,
Tu vis de ces trouées
Dans les forêts de l'âme.
Écrire ne serait rien
Sans cette écoute là
Où tu es dépouillé
De toutes tes croyances.
Tu t'avances sans but
Vers ces flaques de soleil
Où tu te sens rejoint,
Où tu te sens compris.
Comme tu vas dégagé
Sur les sentiers de l'aube,
Désencombré de tout,
Disponible aux passants.
Ce que tu as perdu
T'est partout redonné,
Les branches écrasées,
Les herbes que tu foules.
Où aller aujourd'hui
Sinon vers ces clartés,
Cet univers sans bruit
Empli de chants d'oiseaux ?
Apprends à t'échapper,
À sortir du courant
Pour goûter aux instants
Nourri de gratitude !
Tu te tiens sans un mot
Sur le banc des saisons
D'où tu vois s'écouler
Le fleuve de ta vie.
Tes doutes ont disparu :
Juste ce souffle en toi,
Ce regard sans regard
Par où tu participes.
Cette grâce est donnée
A tout humain fragile
Qui se tient sans attente
À la lisière de soi.
Le monde passe en lui
Comme battement d'ailes,
Il n'a pour tout bagage
Qu'un grand vide à donner.
Jean Lavoué, 5 septembre 2020
Photo Jackie Fourmiès
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