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jeudi 14 octobre 2021

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Merci aux amis Pierre Tanguy et Jean-Pierre Boulic pour ces deux notes de lectures chaleureuses à propos de mes « Carnets de L’enfance des arbres » publiés récemment : 


L’enfance des arbres est un blog  poétique dédié à l’aventure intérieure. Conçu il y a déjà plusieurs année par le poète, écrivain et éditeur Jean Lavoué, ce site fait de l’arbre le symbole à la fois de l’enracinement et de l’élévation. « Il faut reboiser l’âme humaine », disait le chanteur Julos Beaucarne, cité par l’auteur. « Reboiser » : c’est la noble entreprise à laquelle Jean Lavoué s’est attelé. Il nous le rappelle dans un livre contenant les brefs poèmes qui ont accompagné la naissance de son blog.

 

   « Déjà je parle aux arbres/et mes doigts me suffisent », écrivait René Guy Cadou dans Les bruits du cœur (1941). Jean Lavoué demeure dans le sillage du grand poète disparu auquel il a consacré un fervent livre-hommage en 2020 (René Guy Cadou, la fraternité au cœur). « Avec l’arbre,//ce que tu écris/Semble avoir trouvé son axe », note pour sa part Jean Lavoué. Et, plus loin, il écrit : « Parler à hauteur d’arbre/Sans forcer la voix/Dans la croix des saisons/Et le ciel grand ouvert ».

 

   Le poète, en effet, ne force pas la voix. Il nous dit fréquenter les mots simples : « Soleil, silence, lumière, absence, présence ».

  Soleil ? « Ah ! si le chemin/N’était que tronc tendu/Vers le soleil »

  Silence ? « Dès que tu fais silence/La forêt se redresse/Les mots s’ordonnent un à un/La clairière s’illumine,//Tu sens que tu es là ».

   Lumière ? « Arbre, pesante lumière/Etrange gravité/Donnant des ailes/A ta voix ».

   

   Jean Lavoué ne se paie pas de mots. Il veut sa poésie orientée vers plus vaste que nous. « J’ai découvert un jour/Qu’écrire était une forme de prière ». Et s’il nous parle  -fugitivement - de l’enfant qu’il a été (« Comment rester à hauteur de l’enfant/que tu as été »),c’est d’abord pour nous inviter à retrouver l’enfant qui est en nous, retrouver notre innocence et notre capacité d’émerveillement. « La foi ne n’apprend pas/Elle s’enracine », écrit Jean Lavoué. Oui, s’enracine comme un arbre.

 

   Le poète évoque tout aussi fugitivement des poètes bretons qui lui tiennent à cœur. Georges Perros à qui il dédie un poème. Xavier Grall, cet homme qui « chantait la Bretagne/Ressuscitait ses pardons », sans parler des vents qu’il chérissait dans sa paroisse de Nizon. Avec, comme en écho, ces vers de Jean Lavoué qui nous ramènent invariablement à l’arbre. « C’est le vent bien sûr/Qui parle le mieux/La langue de l’arbre. »


Pierre TANGUY.



Voici un recueil qui fera taire tous ceux qui proclament que la poésie est incompréhensible… Au long du livre, les mots ruissellent clairement et d’abondance - livre qui aurait pu s’intituler aussi « Les semences de l’enfance des arbres ». Oui, la poésie de Jean Lavoué (que l’on connaît aussi auteur d’essais et de récits, et éditeur) vient tout simplement, comme un arbre prend racines, habiter la futaie du monde et ses embarras multiples, pour demeurer bien proche des clairières du cœur. En effet, aux prémices de sa démarche poétique, l’auteur confie « Juste fidèle/A [son] propre chant » intuitions et aspirations en vérité « car une vérité qui ne parle pas au cœur des hommes est une vérité morte, pire que le mensonge » ainsi que l’a rappelé Jean Sulivan. Cela en dit long de la pertinence de cette provision de courts poèmes – des éclats de poésie ici colligés.


C’est la force de ce chant qui n’est pas choisi de répondre à une profonde nécessité intérieure, un état premier et pur : « Sous les mots/C’est l’enfance/Que tu cherches ». Au fil du recueil, le poète prend la mesure de son poème, de sa capacité à incarner l’évidence de ce qui le dépasse au tamis des pluies, des feuilles, des nuits, des chemins, de la rosée, des matins qui s’ouvrent au terreux qu’il est, assumant une « ignorance étoilée » : « Mais nous sommes attentifs/A cette pluie de signes/qui nous réconcilie ». Alors Jean Lavoué entend passer le vent sous ses lettres, il n’a rien à prouver en marchant « vers sa royauté », mais une « royauté blessée ». Du mystère de son existence « La part obscure,/La part refusée,/La Part blessée,//Voilà celle qui est devenue en toi/La part bénie », il partage le souffle qui l’anime avec ceux qui se réunissent « autour des branches de la parole » parce que ce qui distingue un poète « C’est sa joie/Qui grandit ». La joie d’être vivant au monde.


Le recueil est en fait empreint de tous les sujets qui font les jours de Jean Lavoué, la raison d’être de toute son œuvre tissant des liens de solide humanité : le chant, la part de silence, la blessure, l’ouvert, le présent, le chemin, la confiance, l’amitié, le Poème et l’arbre dont on pourrait retenir tant de versets pour révéler « Tous les attributs de la terre/Où j’ai planté mes racines. »


Les linogravures et monotypes d’Isabelle Simon, qui marquent les étapes de l’ouvrage, sont comme des séquences qui font résonner le recueil à sa vraie et juste mesure : « Sans le chant/Saurais-tu t’orienter ? » 


Jean-Pierre Boulic
                                                                              

 Carnets de l’Enfance de l’arbre, Jean Lavoué, avec des linogravures et monotypes de Isabelle Simon, éditions L’Enfance des arbres, 2021, 202 pages, 15 euros (à commander en librairie ou bien directement aux Éditions L’enfance des arbres, 3 place vieille ville, 56 700 Hennebont + 4 euros de frais de port) 









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