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S’il n’y avait cette parole
Visitant en secret
L’encre bleue de ton doute,
Comment sentirais-tu
Qu’il existe un matin ?
S’il n’y avait ce pauvre
Pour peupler d’inconnu
La porte du mystère,
Comment franchirais-y
L’abîme qui t’effraie ?
S’il n’y avait cette main
Quand tu te sens perdu
Pour empoigner la tienne,
Comment pourrais-tu seul
Soulever cette pierre ?
S’il n’y avait ces mots
Pour devancer les tiens
Lorsqu’il n’y a plus rien,
Comment saurais-tu croire
Aux forces du Poème ?
S’il n’y avait ce silence,
Cette brûlante absence
Quand ta prière est nue,
Qui te consolerait
De ce désert ardent ?
S’il n’y avait ces témoins
Pour traverser les nuits
Où tu marches sans but,
Comment t’assoirais-tu
Aux tables fraternelles ?
S’il n’y avait cette flamme,
Ce visage effacé
Pour couronner tes ombres,
Où serait le passage
Que tu cherches sans fin ?
S’il n’y avait ce coeur
Qui bat tout près du tien,
Pourquoi au fond des eaux
De noire solitude
Luirait cette blessure,
Ce Chant inespéré ?
Jean Lavoué, aube du 21 novembre 2018
Photo JL novembre 2021
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