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vendredi 11 mars 2022

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ENTRETIEN. Pour l’éditeur hennebontais, Jean Lavoué : « La poésie touche le cœur des gens »

Installé à Hennebont (Morbihan), l’auteur et fondateur de la maison d’édition L’Enfance des Arbres, Jean Lavoué, participe ce samedi 12 mars 2022 au Printemps des poètes.

Jean Lavoué, fondateur de la maison d’édition L’Enfance des Arbres, à Hennebont (Morbihan). Ici dans son bureau, le lundi 7 mars 2022. | OUEST-France

Ouest-France  Maxime LAVENANT.Publié le 11/03/2022 à 08h01

Fondateur de la maison d’édition L’Enfance des Arbres, basée à Hennebont (Morbihan) et spécialisée dans la poésie, Jean Lavoué est lui-même l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Il participe ce week-end au Printemps des poètes.

En dehors du Printemps des poètes, une fois par an, quand parle-t-on de poésie ?

Sur les réseaux sociaux, la poésie se partage bien. J’ai pu l’expérimenter dès 2007 avec L’Enfance des Arbres qui, à la base, était un blog. Sur Facebook, je partage en moyenne deux textes par semaine. Pour ne citer qu’elle, Cécile Coulon, par exemple, y a rencontré un immense succès avant que ses textes ne soient publiés. Avec les réseaux sociaux, je perçois une sorte de regain d’intérêt pour la poésie.

Avec les réseaux sociaux, plus besoin d’éditeurs…

Sur Facebook, les interactions avec les lecteurs sont importantes. D’une certaine façon, elles peuvent offrir une confirmation. Quand on montre un texte à des proches, c’était mon cas au tout début, la démarche est similaire. Mais ce phénomène neuf des réseaux sociaux, qui revient à partager de la gratuité au quotidien, n’efface pas le rôle de l’éditeur.

Pour la rémunération ?

(il sourit) Avec la poésie, il ne faut jamais s’attendre à une forte rémunération, ce n’est pas avec elle qu’un éditeur va gagner sa vie ! Une maison d’édition, pour un auteur, c’est le regard d’un tiers, c’est une sélection, c’est une reconnaissance. Gérard Le Gouic (poète finistérien né en 1936, N.D.L.R.), qui s’était jusqu’à présent autoédité, a été publié sur le tard, l’an dernier, chez Gallimard, et je crois qu’il en est très satisfait. Je me souviens aussi très bien de Mireille Guillemot, qui avait publié mon premier recueil, Soleil des grèves (1997, éditions Calligrammes), de son épatant travail éditorial. Pour connaître les deux côtés, je sais l’importance d’être accueilli.

Les grandes maisons sont-elles suffisamment présentes ? Vous évoquez Gérard Le Gouic, on peut aussi citer Falmarès, révélé grâce aux éditions Les Mandarines, une petite maison morbihannaise.

Falmarès, oui, c’est une personne exemplaire, dans une situation singulière (d’origine guinéenne, il a été menacé d’expulsion, N.D.L.R.), dont la qualité des écrits rencontre le cœur et l’estime des gens grâce à un éditeur local qui lui a fait confiance. C’est vrai que les grandes maisons ne sont pas trop au rendez-vous. Elles préfèrent souvent exploiter les œuvres des grands auteurs.

Comment expliquez-vous cette confidentialité de la poésie ?

Elle concerne un public restreint en France, alors qu’elle peut être très populaire ailleurs, comme au Portugal ou dans certains pays de l’Est. Nous avons eu la chanson, qui en a été un très bon vecteur. Jeune, j’en ai d’ailleurs beaucoup écouté, j’en ai même écrit quelques-unes. En parallèle, il y a eu une intellectualisation de la poésie, provoquant à mon sens un assèchement de son public.

Quelle est la place de la poésie au XXIe siècle ?

La poésie, on peut parfois se la représenter loin du réel, dans le rêve. À mon sens, elle permet justement de toucher le réel. Comme les informations d’actualité, dont je suis consommateur, ou comme la pensée. La poésie le fait autrement, en touchant le cœur des gens.

LE PROGRAMME DU SAMEDI 12 MARS

À Hennebont, le Printemps des poètes se concentre cette année sur la seule journée du samedi 12 mars 2022. Tout se passe à la galerie Pierre-Tal-Coat. À 14 h 30, une rencontre est programmée autour de la pratique artistique et du travail d’illustrateur avec des plasticiennes ayant collaboré avec L’Enfance des Arbres.
Seront notamment présentes Marie-Hélène Lorcy, Marie-Françoise Hachet-de-Salins, Nathalie Fréour et Isabelle Simon. Un échange avec Jean Lavoué prendra la suite, à partir de 17 h. Par ailleurs, plusieurs artistes de la maison d’édition hennebontaise sont exposés jusqu’au 16 mars 2022, dans le hall du centre socioculturel.

L'ENFANCE DES ARBRES FAIT UNE PAUSE

D’ici la fin de l’année, Jean Lavoué va suspendre pour une durée indéterminée l’activité de sa maison d’édition. « Je reçois deux ou trois manuscrits par semaine, je réponds à tous les auteurs, l’activité est très soutenue », explique l’éditeur, qui publiera cette année sept ouvrages.













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