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dimanche 13 mars 2022

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Bref et bel article de  Loup Besmond de Senneville (La Croix le 9/03/2022) à propos de la publication de deux recueils de poèmes inédits d’Hélène et René Guy Cadou aux éditions Bruno Doucey. Une magnifique occasion de retrouver le ruisseau limpide et pur où coule l’eau vive de leur amour intemporel…

JL 

Et le ciel m’est rendu
de René Guy Cadou
Éd. Bruno Doucey, 112 p., 14 €

J’ai le soleil à vivre
d’Hélène Cadou
Éd. Bruno Doucey, 160 p., 16 €

Hélène et René Guy Cadou, la poésie à soixante ans l’un de l’autre

Deux recueils publiés simultanément donnent à lire des poèmes de René Guy Cadou et Hélène Cadou, unis par un amour brûlant pendant la guerre. Le premier est mort en 1951, la seconde est décédée en 2014.

Ce sont deux cris lancés à la face du monde qui ouvrent ces recueils. Le premier est celui d’un homme de 20 ans, éperdument amoureux, le second celui d’une femme au soir de sa vie. Ces deux recueils qui se répondent sont écrits à soixante ans de distance, mais un lien invisible les unit encore aujourd’hui, puisqu’ils ont pour auteur, pour le premier, René Guy Cadou, et pour le second sa femme Hélène. Le premier est mort d’un cancer foudroyant en 1951, à 31 ans ; la seconde est décédée en 2014. Tous deux se sont connus en pleine guerre, en 1942, mariés en 1946, passionnément aimés.
C’est la passion de cette rencontre, celle d’un jeune homme bouleversé par l’amour naissant, qui transparaît dans les poèmes de René Guy Cadou. Des mots ardents ou doux, adressés à la femme aimée, qui le fit naître à lui-même. Le poète, fou d’amour, s’écrie : « J’avais plus de vingt ans lorsque tu m’as vu naître. »

Aux poèmes sensuels, dont la majorité, inédits ont été écrits en 1944, se succèdent des vers plus proprement spirituels, qui témoignent de la recherche de Dieu. Comme avec cette belle « Demande d’audience » formulée par le poète : « Mon Dieu apprenez-moi à prier/Comme l’enfant s’appuie à des châteaux de sable/Je reste là devant ma table/Ne sachant pas encore où s’en iront mes mains. »

Les textes d’un jeune homme brûlant d’amour, les mots tailladés par la vie d’une femme

À côté, les poèmes d’Hélène Cadou, qui lui a survécu, font l’effet de couteaux effilés. René-Guy écrivait des mots en jeune homme brûlant d’amour, ceux d’Hélène sont tailladés par l’existence, burinés par la vie. Ses mots, parfois, saignent, loin de la candeur des jeunes années de son amour de jeunesse.

Dans les poèmes d’Hélène Cadou, si « l’été se répand comme un vin », c’est qu’il semble l’un des seuls remèdes à même de panser les blessures les plus profondes. Un été au cours duquel « le soleil donne à chacun sa chance/On accourt de toutes parts/Pour voir la mer qui respire/ Une femme toute nue / Se tourne vers le ciel / Et se vêt du regard / D’un homme dont les épaules / Portent le jour à son zénith. » Ce sont dans ces blessures que se niche l'angoisse, celle de la mort qui vient ou du temps qui passe.

On ignore de quand datent exactement les poèmes d’Hélène Cadou, les textes ne sont jamais datés. Mais l'on suppose qu'ils ont plutôt été écrits entre 2006 et 2008, période après laquelle Hélène Cadou arrêtera d'écrire. Définitivement.



Aux couleurs de l'Ukraine... !

























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