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mercredi 5 octobre 2022

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Je me suis approché d’un arbre
Et j’ai cherché à entendre
Quels mots lui murmurait la sève :
Il n’y avait là nulle parole de guerre,
Nulle peur pour les mois d’hiver à venir,
Nul effroi face au ciel qui ne répond pas.

J’ai entendu se prolongeant jusqu’à la cime
Des mots de silence et d’amour,
Des pensées d’envol et d’élargissement,
Tandis que tombait jusqu’aux racines
Une pluie de gratitude couvrant le sol
D’invisibles larmes de bénédiction.

J’ai perçu comme un souffle tranquille
Dans ce va-et-vient qui arrimait
Solidement cette prière à la terre,
Un chant de confiance capable d’affronter
Les froidures et le gel,
Les brouillards et la nudité prochaine.

J’ai senti le mouvement de chaque branche,
Sa courbe gracieuse
Et cet éventail de forces livrant à l’automne
Sa profusion d’or et de feuilles.

Chaque arbre fut ensuite pour moi
Une leçon d’oraison
Colportée par l’aile des oiseaux :
L’heure était aux complies,
Mouettes et cormorans remontaient vers le large.

C’était comme si le fleuve, les nuages
Et la terre entière
Battaient au rythme lent
De cette communion silencieuse.

J’ai commencé à entendre aussi en moi
Se murmurer ces mots sans mots
Se mêlant au poème,
Comme une respiration
Au bout de laquelle
Palpitait l’âme du monde.

De cet immense hymne à la Vie,
J’ai perçu que je n’étais
Qu’une obscure et simple lettre
N’ayant pas d’autre joie
Que de s’enraciner dans ces heures de lumière.

Jean Lavoué, Le Blavet, 4 octobre 2022
Photo JL 4/10/22









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