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J’ai vu se déployer aujourd’hui
Un arbre à paroles
En un lieu où les racines de la vie
Avaient pourtant été coupées
J’ai perçu combien le silence habituellement si fécond
Pouvait aussi devenir un instrument de manipulation ravageur
Bloquant la circulation de la sève
J’ai su ce que signifiait un geste de réparation
Et la force de redressement d’une simple et profonde écoute
Sur des existences broyées
J’ai entendu des mots de vérité et de tendresse
Prononcés par des hommes en position d’autorité
À l’égard de jeunes femmes anéanties
J’ai accueilli les témoignages de ces victimes bouleversées
Et j’ai vu refleurir
Les premiers bourgeons
D’un printemps dévasté
J’ai reconnu
La fécondité des mots
Ouvrant à nouveau les portes de l’avenir
Entre la plantation symbolique d’un mimosa
Et l’écoute d’un texte d’Albert Camus
Louant la splendeur des amandiers en fleurs
J’ai vu se lever une humanité
Plus belle et plus juste
Mais j’ai surtout perçu
Combien les forces de surrection du vivant sont ardentes
Dès lors que les barrages du mutisme et du mensonge
Se trouvent soudain fracassés
Et c’est alors que j’ai vu sourdre à nouveau
La source de l’amour et de la paix
Capable de renouveler
Les corps et les cœurs brisés.
Jean Lavoué, La Chesnaie le 31 mars 2023
Après le temps mémoriel d’apaisement et de témoignage vécu ce jour à l’abbaye de Timadeuc, en présence des victimes de crimes sexuels de la part de l’un des moines désormais exclu du statut monastique. Sous l’autorité d’Antoine Garapon, responsable de la commission nationale « Reconnaissance et Réparation » mise en place à la suite des travaux de la CIASE et du frère Benoît, père abbé de l’abbaye.
Photo La Chesnaie le 31/03/23 au soir
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