Il te faut revenir sans cesse
Aux premiers pas
Pour voir l’éclat
De ce qui t’était devenu
Peu à peu étranger
L’arbre en sa nudité
Le port royal des fougères
Les mille feux du genêt
Dans le fleuve
La joue incendiée du soleil
Les heures perdues
À guetter le moindre signe
Que l’oiseau t’adresserait
Mais il te faut surtout
Accueillir encore
La lenteur des bourgeons
Les silences de l’écorce
Gardant la cicatrice de chaque hiver
La brûlure des étés
La danse infinie des saisons
Et les sautes d’humeur du vent
Dans la clairière des jours
Et plus secrètement
Il te faut chérir ces instants de solitude
Où ton cœur doucement s’éveille
À la jubilation de toutes choses
Au bruissement de l’air dans tes branches
Au papillon que rien n’annonçait
À ta patiente traversée
Sur les ailes obscures de la nuit
Puis il te faut supporter aussi
Ces ombres sans pourquoi
Ces orages soudain
Ces présences clairsemées
Ces questions sans réponses
Ces blessures qu’aucune cicatrice
Ne vient jamais étoiler
Comment deviendrais-tu
Instant étincelle
Si tu ne plongeais pas toi même
De toutes tes racines
Dans l’abîme inconnu
D’où renaissent sans fin
Les printemps du monde ?
Jean Lavoué, Le Blavet, 15 mai 2023
Photo JL 16/05/23
www.enfancedesarbres.com
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