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jeudi 6 juillet 2023

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Laisser place aux mots
Nés du silence
Comment le pourrais-tu
Sans ces marches souveraines
À la verticale des matins ?

Sans l’alléluia des fleurs
Lavées par la pluie ?

Sans ces feuilles d’arbres par milliers
Annonçant toute nouveauté 

Sans ces jeunes clairières 
Où s’engouffrent à l’aube
Tant de battements d’ailes

Sans ces grèves à venir
Où chaque soir tu reprends souffle
À l’orée de la nuit 

Sans ces lisières de vin calme
Où tu t’enivres d’un chant surgi
De ta terre complice

Sans ces harmoniques qui t’accompagnent
Désormais jour et nuit
Dans les vergers de la joie spacieuse 

Sans ces amis disposés
Comme veilleurs
Sur les rives du fleuve

Sans tous tes sens
Mis au repos
Dans la patience de l’éveil

Sans l’assise
Où s’élargissent en toi
Des fêtes inconnues

Sans cette présence nue
Que tu ne nommes plus
Mais qui pas à pas t’apprivoise

Sans ce Poème d’avant les mots
Que tu prononces
A voix muette

Sans cette blessure
Dont tu ne guéris pas
Mais dont sans cesse tu te relèves

Sans cet ardent brasier
De tes sarments 
Émondés

Sans ces jeunes pousses
S’accrochant contre vents et marées
Aux murets de l’enfance.


Jean Lavoué, Le Blavet, 4 juillet 2023 
Photo : peinture de Vinca Alba Minor (Cécile A. Holdban) sur un vers de JL 
« Pourvu que tu aies la lampe 
Peu importe le chemin »
www.enfancedesarbres.com 










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