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Laisser place aux mots
Nés du silence
Comment le pourrais-tu
Sans ces marches souveraines
À la verticale des matins ?
Sans l’alléluia des fleurs
Lavées par la pluie ?
Sans ces feuilles d’arbres par milliers
Annonçant toute nouveauté
Sans ces jeunes clairières
Où s’engouffrent à l’aube
Tant de battements d’ailes
Sans ces grèves à venir
Où chaque soir tu reprends souffle
À l’orée de la nuit
Sans ces lisières de vin calme
Où tu t’enivres d’un chant surgi
De ta terre complice
Sans ces harmoniques qui t’accompagnent
Désormais jour et nuit
Dans les vergers de la joie spacieuse
Sans ces amis disposés
Comme veilleurs
Sur les rives du fleuve
Sans tous tes sens
Mis au repos
Dans la patience de l’éveil
Sans l’assise
Où s’élargissent en toi
Des fêtes inconnues
Sans cette présence nue
Que tu ne nommes plus
Mais qui pas à pas t’apprivoise
Sans ce Poème d’avant les mots
Que tu prononces
A voix muette
Sans cette blessure
Dont tu ne guéris pas
Mais dont sans cesse tu te relèves
Sans cet ardent brasier
De tes sarments
Émondés
Sans ces jeunes pousses
S’accrochant contre vents et marées
Aux murets de l’enfance.
Jean Lavoué, Le Blavet, 4 juillet 2023
Photo : peinture de Vinca Alba Minor (Cécile A. Holdban) sur un vers de JL
« Pourvu que tu aies la lampe
Peu importe le chemin »
www.enfancedesarbres.com
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