Goûter encore
Aux heures bénies
De haute vulnérabilité
Lorsque tout fait signe
Quand le temps
Est à la tendresse…
Maintenant que le temps m'est compté
- On ne le sait qu'après que ce jour s’apprivoise -
Je vois la libellule en sa jeunesse bleue,
Je l'éprouve intensément en tous ses éclats d'ailes.
Je goûte à l'instant des nuages,
Je marche dans mon repos,
Je m'y sens accordé.
J'arpente en passeur immobile
Des rives infinies
Mais sans jamais presser le pas
Car tout écart m'est familier.
Je sais ce qu'il me reste à perdre,
À libérer et à donner :
Chaque ruisseau m'est indice,
Chaque buisson serment noué.
Je feuillette les pages de mon journal troué,
J'y devine des mots enfouis
Et d'autres à peine encore ébauchés.
Je cherche seulement à servir
Non plus à être consolé.
Je croise sur mes halages
Quelques pauvres de grand vent
Qui savent porter secours en eux
Au mendiant qui les sauverait.
Je crois à l'infinie sollicitude
De l'Absent vulnérable
À sa joie traversée,
A sa ferveur imprenable.
Je n'ai d'autre trésor que son Amour,
Son humble confiance à honorer.
Je crois en l'homme mon frère
Qui trouvera un jour en lui le Royaume promis
Et en chaque blessure
Des graines de lumière.
Le Chant m'est compagnon
De clarté et de sources
J'envisage au creux du ciel
Des sommets et des cimes
Je ne cherche que l'Ouvert
Des ailes déployées
Chaque insecte chaque fleur
Me distille ses couleurs
Le Blavet a des gestes d'enfance
Des tendresses de premiers jours
Je vais sans me hâter
Vers l'espace qui m'appelle
Je borde de fougères
Le bréviaire des saisons
J'y lie toutes douleurs
Et tout espoir nommé
Le vent fait une danse
Sur les eaux argentées
J'éprouve au fond de moi
La splendeur de l'été
Je ralentis j'évite
De parler aux courants
J'escorte le silence
Jusque sous ses écluses
Je frémis dans le feu
Tremblant des peupliers
L'hirondelle de mer
Fait cortège à mes grèves
Rien ne subsistera
Sauf cette soif d'aimer.
Jean Lavoué, 1er août 2017
Photo JL, Le Blavet, 1/08/17
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