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mardi 26 décembre 2023

 

Le 23 décembre était diffusée sur RCF Sud Bretagne Lorient ma lecture de poèmes extraits du recueil de Gilles Baudry : Cette enfance à venir. Une autre manière de dire encore Noël !
Merci à Pierre Tanguy pour la belle note de lecture qu’il consacre à ce recueil, publiée également à la veille de Noël dans Bretagne actuelle.

JL 26/12/23





NATHALIE FRÉOUR, GILLES BAUDRY : « CETTE ENFANCE À VENIR »

Une artiste et un moine-poète. Leur collaboration ne date pas d’hier, mais les voici de nouveau réunis dans un recueil où Nathalie Fréour et Gilles Baudry déclinent à leur manière « cette enfance à venir ». Avec la complicité de l’académicien François Cheng.

« Toujours l’arbre déploie ses branches,/Toujours la pie vient y percher,/Toujours le temps joue à l’enfance,/Pour faire durer le bref été ». Ce sont les quatre vers que François Cheng (97 ans) a tenu à écrire, précise l’éditeur Jean Lavoué, « pour accompagner la naissance de ce recueil ». L’écrivain et poète français d’origine chinoise connaît bien l’éditeur tout comme l’artiste et le moine. Il est venu à quelques reprises à l’abbaye bénédictine de Landévennec où vit le moine-poète Gilles Baudry.

Son message de sympathie cerne d’ailleurs, en quelques mots, le cœur de ce recueil. On y trouve des branches, beaucoup de branches, mais aussi des feuilles, des racines, des troncs, des sous-bois, des clairières… L’arbre est le thème central des superbes dessins blancs sur papier noir de Nathalie Fréour. Monde végétal transfiguré par l’artiste nantaise… « De l’arbre apprendre la patience des racines/aller jusqu’à la nuit », écrit pour sa part Gilles Baudry.

Accompagnant ces dessins, le moine-poète nous parle « d’une enfance à venir » comme s’il s’agissait de remonter le temps vers « une source inconnue très en amont ». Enigmatique assertion qui nous conduit, en réalité, vers cette « seconde naissance » qu’il appelle de ses vœux. Ce Dies natalis évoqué par Gilles Baudry, on l’avait déjà entrevu dans un recueil plus ancien (Jusqu’où meurt un point d’orgue ? Rougerie, 1987) où le poète évoquait ce passage de la mort à la vie (pour une nouvelle vie) à l’occasion du décès de son père. « Que l’aube approche/blanche préface/sur le monde ».

Ce dies natalis, il le chante à nouveau ici. « Voici le seuil/Le rendez-vous//Voici le terme/Où tout commence//La mort s’éteint/Derrière nous//Et devant nous/Voici l’enfance ». Cette enfance à venir est bien cette « enfance pérenne/inaliénable/où l’éternel du temps/s’accorde ».  Car dans « les sortilèges de l’enfance » que souligne Gilles Baudry, il y a la prescience d’une forme d’éternité, par cette attention particulière de l’enfant à l’instant vécu en plénitude.
Et nous voilà, par petites touches, conduits à rejoindre les propos mêmes de François Cheng dans ses Méditations sur la mort et donc sur la vie (Albin Michel). Gilles Baudry, lui, célèbre « l’enfance phréatrique » et son goût d’éternité, Nathalie Fréour, elle, célèbre l’arbre et son cycle de renaissance. Avec, chez l’un comme chez l’autre, « ce sentiment, soudain,//de porosité entre l’ici et l’ailleurs », qui donne toute sa force aux poèmes comme aux dessins regroupés dans ce recueil.

Pierre TANGUY.

Cette enfance à venir, Nathalie Fréour (dessins), Gilles Baudry (poèmes), L’Enfance des arbres, 2023, 70 pages, 15 euros.

Photo : dessin de Nathalie Fréour extrait du recueil









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