Une recension allègre pour le roman de mon ami Michel Cool à la demande du journal TC

JL

Le pape a fugué

« Un rebouteux m'a remis pour la fête /Un cœur boiteux depuis l'enfance »

C’est avec ces vers de René Guy Cadou qu’il me vient l’envie de commencer cette petite note de lecture consacrée au livre de Michel Cool : « L’échappée belle du pape »*. Une sorte de roman-poème qui nous fait sentir avec doigté ce que serait une Cité du Vatican tout à coup saisie par la grâce. 

C’est un ouvrage de pure fiction qui nous projette dans un avenir indéfinissable. Peut-être une ou deux générations en avant, nous laissant encore le loisir de chercher parmi les papes que nous avons connus des traits qui feraient penser au Jean-Baptiste, héros de ce récit : c’est le prénom bien sûr de naissance de Mgr Montini, Paul VI, auquel Michel Cool, féru de l’histoire récente du Vatican, a consacré un ouvrage dans lequel il souligne sa figure prophétique. Ou encore, Jean XXIII, pape inspiré qui voulut ouvrir sous le souffle de l’Esprit-Saint toutes les portes et les fenêtres… Ou bien, plus près de nous, François avec son goût d’une Église « en sortie ». 

Mais, en fait, cette « échappée belle » tout comme ce pape Jean-Baptiste sont uniques. Celui-ci a certes eu des prédécesseurs avec les héros du livre de Gérard Bessière, « Le Pape a disparu », (1995) ou encore le pontife fraîchement élu de Nanni Moretti (Habemus papam, 2011) totalement paniqué devant la charge qui lui incombe. Mais avec la sortie malicieuse et spirituelle du pape de Michel Cool, l’histoire, pour sidérante qu’elle soit pour le monde entier, se coule en fait dans l’ordinaire des jours d’une vie d’homme simple et humble. 

Un coup de fatigue, un burn-out comme on dit aujourd’hui, consécutif autant à un deuil familial qu’aux dissensions dont tout le monde a compris désormais qu’elles font le lit de cette Église longtemps présentée comme unie et stable, résistante à toute épreuve. Il n’en est rien bien sûr et Jean-Baptiste bouleversé comme tout un chacun par le monde comme il va comme par les jalousies dont il est l’objet – il n’échappe même pas au vol de son portable qui le laisse d’abord anéanti – devra s’en remettre aux liens essentiels de l’amitié profonde pour se ressourcer à un esprit d’enfance et d’abandon trop souvent recouvert sous le poids des jours.

Ce texte de Michel Cool est pétri de de drôlerie et d’humanité. Un moment de détente spirituelle et d’émotion que vous ne regretterez pas en compagnie d’un personnage chez lequel l’art de s’effacer confine à la tendresse, à l’humilité et surtout à l’amitié absolue envers les plus petits et les plus pauvres. 

Comme c’est bon et jubilatoire lorsque les périphéries prennent ainsi le goût d’un retour aux sources de la fraternité, du silence et de la fête ! 

Je vous invite vous aussi à cheminer avec légèreté et poésie, en compagnie de Michel Cool, dans les pas d’un raccommodeur d’enfance et d’un sourcier de l’Évangile.

Jean Lavoué

*Michel Cool, "L’échappée belle du pape", Quasar, septembre 2023, 17 €. Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies ou bien en passant directement commande en cliquant sur ce lien: https://www.editionsquasar.com/.../lechappee-belle-du-pape/

La recension de mon livre par le poète Jean Lavoué 

dans La Lettre hebdomadaire de "Témoignage chrétien" ( N° 4037 du 7 décembre 2023 https://www.temoignagechretien.fr/actualites/ ).

Cette magnifique recension m'a doublement ému: d'abord parce qu'elle est signée par un cher ami poète qui sait merveilleusement traduire en mots pétillants de vie la part poétique de "l'événement Jésus "dans l'histoire de nos existences et du monde présent. Jean, par ailleurs éditeur (www.enfancedesarbres.com), est un fidèle pilier - avec Anne son épouse - des retraites spirituelles annuelles pour journalistes et écrivains que j'ai initiées depuis 2012. Son interprétation de ma fable papale ( à lire ci-dessous) va à l'essentiel, au "noyau d'olive" comme dirait Erri de Luca et cela me touche droit au coeur. 

L'autre émotion est que son article soit publié sous l'égide d'un titre de presse dont j'ai été de 1997 à 2005, rédacteur en chef puis directeur de la rédaction. Un titre de la Résistance, né dans la clandestinité sous l'Occupation et qu'on ne fréquente pas sans en ressortir indemne. "TC" correspond pour moi à des années entremêlant d'immenses joies et fiertés créatives, et aussi de grandes fatigues et difficultés. Mais "TC" reste une page glorieuse de ma vie journalistique et plus simplement humaine. Aussi je remercie vivement Christine Pedotti et Anthony Favier d'avoir abrité ce beau texte de Jean Lavoué dans leurs pages.

Miche Cool 

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