... Cela a cessé depuis longtemps déjà de refuser et tu ne le savais pas. Il s’est levé depuis ces nuits secrètes un vent qui a fini par tout emporter. Il reste si peu de feuilles aux branches jusqu’au prochain printemps dont tu sais qu’il viendra. C’est une nuit sans lune. Une fête sans crépuscule. Tu te tiens désormais comme un rescapé de trop fortes tempêtes tutoyant sans trop y croire le soleil appuyé au chambranle du matin.
Ces fragments que tu nous réservais qui aurait pu penser qu’ils eussent un jour, et si précocement, une telle intensité, une telle capacité de feu, une telle force de joie ? Il reste à recevoir encore chaque livre, chaque ligne, chaque mot comme éclairé par ce soleil de nuit au moment où, juste avant de plonger, il irradie tout ce qui reste encore à sauver. Il y aura toujours des matins à saluer.
Peu à peu s’est faite en ce jour cette évidence que cette écriture matinale était pour toi. Tout ce que tu as révélé en nos vies d’amour triomphant que la mort n’a pas pris. Il manquait jusqu’alors à nos yeux cette force d’étonnement que tu nous as donnée. Ce fut d’un tel présage cette passion dont la mise en abime n’a pas fini de nous révéler.
C’est un chemin de noctambules jusqu’au jour où soudain la mort est dépassée. La peur éclate, la carapace, en morceaux disparates. Reste seulement le noyau dénudé d’un fruit mûri jusqu’au cœur. Tout est saveur, abondance, moisson généreuse, donation jusqu’à l’éclat, délivrance de l’amande, la pulpe douce de la mort livrée comme soleil de Dieu.
JL
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