En deuil de fraternité, nous marchons,
sans trop y croire,
Vers les rives d’un fleuve qui nous
emporterait
Au-delà de nous-mêmes : de nos
démons familiers,
De nos peurs secourables, de nos
ténèbres sans été,
Vers des saisons que nous pourrions
encore fêter
Et vers des peuples dont la ferveur nous
réconcilierait.
Aux miroirs de nos propres bassesses,
Serons-nous capables encore d’aller
debout,
Humbles et dignes face aux vents,
Vers des audaces et des matins,
Sans redouter leur jeunesse trop
ailée ?
Comptables de mérites dérisoires,
De passe-droits sans scrupules,
Ne le sommes-nous pas tout autant de ces
esprits rebelles
Que partout, sans le savoir, nous
avons semés ?
Nous n'avons pas su prendre soin de
nos graines,
De nos enfances aux mains germées,
De nos plaines confiantes,
De nos seuils pleins d’allant et de
promesses.
Nous sommes seuls, à présent,
Pétrifiés au carrefour de l’histoire,
Ecartelés sur la rosace du temps,
Au rendez-vous cependant de ces rêves
Que nous avions cru enterrés à
jamais.
Qui nous aidera à soulever leur sauvage
sagesse,
A laisser aller en nous leur inquiétant
poème,
Serons-nous assez fous pour pouvoir
avec eux
Tout recommencer ?
Jean Lavoué
Tout recommencer ?
Jean Lavoué
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire