Mon ermitage est
joie, il m’est chemin d’errance
Sans borne ni
butée pour s’y poser un jour,
Je n’ai que
mes halages pour regagner les sources,
J’y glane en
remontant des psaumes en graminées.
Plus
l’horizon s’efface, plus je marque le pas,
Je n’ai pas
d’autre clef que le vif aujourd’hui ;
Je ne sais
d’où ce vent venu me visiter,
D’où ces
éclats nocturnes avides de clarté.
J’ai des
rives de roseaux, des chevaux pèlerins,
Des saules
pour scander l’oratorio du cœur ;
Nulle règle
nul chapitre pour absoudre mes heures :
Le bréviaire
des nuages pour consoler mes jours.
Je travaille sans
cesse sur les lambeaux de l’aube,
Je conserve
l’empreinte des trouées du printemps,
Je me tiens à
l’orée du monde où tout commence,
J’élargis la
clairière où nos poumons sont rois.
Je secours en
rêvant les ruades du sommeil,
J’escalade à mains
nues les carrières de la nuit,
Je plante en
écoutant les ogives du silence,
J’énumère un
à un les bourgeons du soleil.
Je recouvre
de mousses la souche des grands chênes,
J’épouse
leurs racines, je m’y sens accordé,
Je consens à
ployer sous le poids de leurs branches,
J’écoute le
pinson servir l’office du soir.
Du monastère sans
murs le cloître est invisible,
Il n’y a pas
de moines ni de chœur pour chanter,
Les seules
cérémonies sont de se perdre au large,
Les courants
y gravitent en naufrages inouïs.
Rien ne
pourra jamais renverser la clôture,
Rien ne
pourra c’est sûr éteindre l’incendie,
Un feu sans
bruit soudain gagne dans les soupentes,
Un grand
désert s’entrouvre en vaste prophétie.
Que chacun
trouve en lui l’hôtellerie du vent,
Le moulin des
prières, l’auberge de la paix ;
Il suffit pas
à pas de dégager la route,
D’émonder
chaque jour les sarments de la vie :
Que chacun
fasse en lui provision de ce vide,
Qu’il
retrouve en son fond ces gorges affranchies,
Qu’il prépare
en secret ses noces de lumière,
Qu’il ne
redoute en rien de s’y sentir tomber.
Jean Lavoué
14 - 15 avril
2016, écluse de Kérousse - écluse du Rudet
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